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Le coin du directeur général / Les déclarations EDI sont-elles une menace pour la liberté académique?

Le coin du directeur général / Les déclarations EDI sont-elles une menace pour la liberté académique?

Par David Robinson

Certains collèges et universités demandent désormais aux postulants et postulantes à un emploi de joindre à leur dossier de candidature une déclaration EDI (équité, diversité et inclusion). L’ACPPU s'est ainsi vu demander si cette pratique constituait une violation de la liberté académique. Un sousgroupe du Comité de direction de l'ACPPU s'est penché sur la question et a déterminé que la réponse est, comme le disent souvent les avocats, « ça dépend ».

La politique de l’ACPPU stipule depuis longtemps que toutes les décisions d’embauche et de promotion ne devraient être fondées que sur des considérations en rapport avec l’exercice efficace des responsabilités professionnelles d’une personne. Il est permis de penser que ces responsabilités professionnelles incluent aujourd'hui la capacité à enseigner à un corps étudiant de plus en plus diversifié et inclusif et à mener des recherches dans des environnements de plus en plus diversifiés et inclusifs. Par conséquent, demander aux futurs professeures et professeurs s'ils sont conscients des obstacles à la réussite académique des groupes en quête d'équité et des mesures qui peuvent être prises pour abaisser et supprimer ces obstacles semble tout à fait approprié et pertinent pour le poste.

Par ailleurs, nous avons également constaté des exigences plus contraignantes qui demandent aux candidats et candidates de soumettre des déclarations démontrant comment leur travail s’aligne sur la stratégie spécifique de l’établissement en matière d’EDI. Cela peut constituer une violation de la liberté académique lorsqu’un engagement est ainsi exigé en faveur d’une perspective particulière sur l’EDI où il existe de nombreux points de vue différents et divergents sur ce qui constitue la justice, l’impartialité et l’équité qui devraient être reconnus dans les déclarations relatives à l’EDI.

Prenons, par exemple, le cas de la professeure de droit Lisa Pruitt qui a soumis à l’Université de Californie, à Davis, une déclaration de diversité dans laquelle elle raconte son expérience d’avoir grandi dans une communauté rurale ouvrière et décrit ses travaux d’érudition sur les questions de pauvreté en milieu rural. Sa conception de la diversité n’a toutefois pas été bien accueillie par la direction de son département, qui a supprimé les parties de sa déclaration qui portaient sur la classe sociale.

Ce qu’il est essentiel de souligner, c’est que la perspective particulière d'un établissement sur l'EDI ne doit pas restreindre les points de vue différents, ni porter atteinte au droit du personnel académique d'exprimer son opinion et ses critiques à l’égard de l'administration et de ses politiques.

Dans le même ordre d’idées, nous devons veiller à ce que les déclarations relatives à l'EDI ne soient pas des directives administratives qui contournent la prise de décision collégiale. En ce qui a trait à des nominations à des postes au sein du corps professoral, la liberté académique exige que les décisions soient prises par des pairs du corps professoral qui sont des experts de la discipline. Si les déclarations EDI constituent des critères de nomination imposés et évalués par des administrateurs de niveau supérieur, elles pourraient alors violer la liberté académique.

Les déclarations EDI suscitent certes la controverse au sein de nos membres, mais la question de savoir si elles violent la liberté académique dépend vraiment de la situation. Les déclarations ne sont pas nécessairement problématiques en soi pour la liberté académique s'il est démontré qu’elles sont pertinentes pour le travail. Ce qui importe, c'est ce qui est prescrit, quels types de déclarations sont exigés et qui les évalue.

À cette fin, nous pouvons mieux garantir le respect de la liberté académique si, quel que soit l'objet de la question et de l'évaluation des déclarations EDI, les universitaires sont autorisés à aborder le sujet de la manière qu’ils jugent la plus pertinente pour leur travail, à offrir des points de vue qui divergent de ceux de l’administration ou qui sont contradictoires avec eux, et même à s’exprimer pour ou contre les valeurs que les déclarations sont censées promouvoir.

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