Par David Robinson
La crise qui secoue l’Université Laurentienne depuis bientôt deux ans ressemble à un incendie de pneus qui ne semble pas vouloir s’éteindre.
Malgré le fait que l’Université ne soit plus sous la protection de la loi sur l’insolvabilité depuis novembre, d’autres révélations concernant une mauvaise gestion et des déclarations inexactes ont éclaté au grand jour.
Tout d’abord, la vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, a expliqué comment — depuis plus d’une décennie — un développement malavisé des investissements, un alourdissement de l’administration et une supervision inadéquate de la gouvernance ont mené à la crise financière.
Contrairement à ce que soutient l’administration, l’évaluation d’ensemble de la vérificatrice générale a permis de découvrir que les salaires du personnel académique n’étaient pas responsables des difficultés financières. En fait, les salaires étaient inférieurs à ceux d’universités comparables. De plus, les programmes académiques de l’université, plutôt que de drainer des ressources, « ont contribué de façon positive à l’université, aidant à payer les coûts accrus de la dette, ainsi que les dépenses liées à l’administration supérieure et aux conseillers spéciaux ».
Fait particulièrement irritant : Bonnie Lysyk a découvert une augmentation de 75 % des coûts liés à l’administration supérieure de l’Université Laurentienne, notamment un montant de 1,4 million de dollars réservé à des « dépenses discrétionnaires » et de 2,4 millions de dollars pour des « conseillers spéciaux ».
Ensuite, à la fin de novembre, la cour a rendu publique la correspondance entre le recteur de la Laurentienne, Robert Haché, et le ministère de la Formation et des Collèges et Universités. Celle-ci a révélé que la province avait offert une aide financière de 12 millions de dollars à l’université si celle-ci acceptait la nomination d’un conseiller spécial, consentait à ouvrir ses livres et renonçait à obtenir la protection des tribunaux contre l’insolvabilité.
Pourquoi Robert Haché a-t-il refusé l’aide financière proposée? La correspondance indique clairement que le recteur avait déjà opté pour la solution de l’insolvabilité, en dépit du fait qu’elle était inutile et risquait de causer de graves dommages à la réputation de l’université.
Voilà ce qui semble l’avoir convaincu : l’Association des professeures et professeurs de l'Université Laurentienne avait l’intention de demander une ordonnance légale pour pouvoir accéder aux dossiers financiers de l’université. Selon Robert Haché, si l’association réussissait, celle-ci pourrait mettre en lumière dans le domaine public la position financière de l’université, « notamment la pratique historique de ne pas procéder à des affectations déterminées ». En d’autres termes, il craignait que n’éclate au grand jour que l’université pigeait dans des fonds spécialement affectés à la recherche et aux avantages sociaux des employés afin de payer pour ses projets d’investissement et pour la hausse des dépenses administratives.
La protection contre l’insolvabilité a empêché l’administration supérieure et le conseil d’administration d’être tenus responsables de cette comptabilité discutable. Une fois la protection accordée par les tribunaux en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), toutes les procédures judiciaires contre l’université ont été suspendues.
Cette triste histoire exige la tenue d’une enquête publique afin que les responsables aient à répondre de leurs actes. Mais elle a également dévoilé une faille dans les lois sur l’insolvabilité qui doit être corrigée.
Au cours de la dernière campagne électorale, le Parti libéral a promis d’exclure les universités et les collèges jouissant d’un financement public de la protection en vertu de la LACC. Pour l’instant, rien n’a encore été fait en ce sens.
Ces récentes révélations devraient constituer une mise en garde pour tous les partis politiques afin de changer les lois pour qu’une crise comme celle de l’Université Laurentienne ne se reproduise jamais. Il est temps d’éteindre l’incendie.