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Le coin du directeur général / Les promesses et les dangers des technologies éducatives

Le coin du directeur général / Les promesses et les dangers des technologies éducatives

Par David Robinson

Les technologies et l’éducation entretiennent depuis longtemps une relation difficile. Les nouvelles avancées ont souvent donné lieu à d’audacieuses prédictions de bouleversements majeurs en ce qui a trait au lieu, au moment et même à la manière dont nous enseignons et apprenons.

En 1885, le fondateur et futur président de l’Université de Chicago, William Rainey Harper, a suggéré que les innovations en matière de transport et d’acheminement postal annonçaient que « le jour approche où le travail effectué par correspondance sera plus important que celui effectué dans les salles de classe de nos académies et collèges ».

M. Harper ne s’est pas complètement trompé. Les universités et collèges ont effectivement créé des cours par correspondance, mais ceux-ci n’ont pas éclipsé l’enseignement en classe.

Plus tard, des prédictions similaires ont été faites à propos du phonographe, du cinéma, de la radio, de la télévision et de l'Internet — qui peut oublier l’insupportable battage médiatique autour des cours en ligne ouverts à toutes et tous? Plus de cent ans après la prédiction de M. Harper, un rapport de Coopers & Lybrand affirmait avec conviction que l’éducation en ligne était sur le point de supplanter l’éducation traditionnelle en personne, car l’apprentissage en ligne présentait deux avantages considérables en matière de coûts : « Le premier est le besoin de briques et de mortier; les campus traditionnels ne sont pas nécessaires. Le deuxième concerne le personnel académique à temps plein. L’apprentissage distribué [en ligne] n’implique qu’un petit nombre de professeures et professeurs, mais a le potentiel d’atteindre un vaste marché étudiant. »

À l’instar des cours par correspondance de M. Harper, l’apprentissage en ligne est devenu une composante importante de l’éducation postsecondaire. Ce mode d’enseignement a été essentiel durant la pandémie. Mais l’enseignement en ligne n’a pas remplacé les campus, les professeures et professeurs, ni le désir de la plupart des étudiantes et étudiants de vivre des expériences éducatives en personne.

Compte tenu de l’histoire, il pourrait être tentant de considérer l’intelligence artificielle (IA) comme la dernière innovation en date à susciter des prédictions erronées sur la fin prochaine de l’éducation telle que nous la connaissons. L’impact potentiel de l’IA n’est-il qu’un nouveau phénomène exagéré, ou la technologie a-t-elle quelque chose de fondamentalement différent cette fois-ci? Étant donné le succès pour le moins mitigé des précédents prévisionnistes, je laisse aux plus courageuses et courageux le soin de répondre à cette question. Ce que je peux toutefois affirmer avec certitude, c’est qu’à l’instar des précédentes technologies, l’IA comporte à la fois des promesses et des dangers.

L’IA permet aux chercheuses et chercheurs de traiter plus efficacement de grands ensembles de données et de vastes quantités d’informations. Elle peut aider le personnel enseignant à élaborer des exercices de résolution de problèmes et des simulations dynamiques pour faciliter l’apprentissage des étudiantes et étudiants. Mais cette technologie soulève également des questions sur l’intégrité académique, la confidentialité des données, la propriété intellectuelle, la prise de décisions académiques et l’environnement.

Les systèmes pilotés par l’IA peuvent reproduire par inadvertance des préjugés sociaux et même créer des contenus fictifs ou erronés — ce que l’on appelle par euphémisme des « fabulations ». Ils peuvent également être déployés pour produire délibérément des hypertrucages et d’autres informations trompeuses.

En l’absence de garde-fous adéquats, les renseignements personnels et les contenus produits par le milieu académique peuvent être récupérés et présentés sous une autre forme en tant que contenus générés par l’IA. La prise de décision humaine, y compris dans les domaines de la titularisation et de la promotion, pourrait être assistée, voire remplacée, par l’IA. Le personnel académique pourrait-il également être supplanté par les algorithmes?

Vient ensuite la question de l’impact sur l’environnement. Nombre de nos institutions se sont engagées à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique. Cependant, l’IA nécessite d’énormes quantités d’eau et d’énergie pour traiter ne serait-ce que des requêtes simples.

Parce que l’IA soulève des questions fondamentales sur l’intégrité académique, l’environnement et le travail que nous effectuons, le personnel académique doit participer à la prise de décisions sur la meilleure façon de déployer la technologie au sein de nos collèges et universités. Comme le dit l’adage, si nous ne sommes pas à la table, nous risquons d’être au menu.

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