Par Brad Lavigne
En mai dernier, l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) a demandé au cabinet de relations publiques Counsel Public Affairs d’effectuer un sondage approfondi sur les opinions et les attitudes des Canadiennes et Canadiens à l’égard de l’éducation postsecondaire, du personnel académique et des conflits sociaux et politiques sur les campus à travers le Canada.
Le cabinet Counsel Public Affairs, en collaboration avec la société d’études de marché Léger, a interrogé plus de 2 500 Canadiennes et Canadiens dans toutes les régions du pays dans le cadre d’un sondage exhaustif.
Une constatation importante ressort des résultats du sondage.
Les Canadiennes et Canadiens ont une grande confiance à l’endroit des établissements d’éducation postsecondaire et des personnes qui y enseignent.
Lorsqu’on leur demande de classer les établissements dans lesquels ils ont confiance, les répondants placent les universités et les collèges en tête (à égalité avec l’armée), 67 % d’entre eux déclarant qu’ils ont une « certaine » ou une « grande » confiance envers eux. Suivent de près les professeures et professeurs ou le personnel académique des collèges ou des universités, avec 65 % de personnes déclarant avoir confiance envers eux. La police, les banques, les médias, le système de soins de santé, les compagnies aériennes et les politiciennes et politiciens suscitent moins de confiance de la part des répondants.
Parmi les attributs qui, selon les Canadiennes et Canadiens, décrivent le mieux les professeures et professeurs et les chercheuses et chercheurs du secteur de l’éducation postsecondaire, on trouve le fait qu’ils « apportent des contributions positives à la société » (59 %) et qu’ils sont « travailleurs et dévoués » (55 %).
Les parents ont une grande confiance dans la qualité de l’enseignement dispensé sur les campus canadiens. Soixantequinze pour cent des répondants dont les enfants sont actuellement au collège ou à l’université ont confiance dans l’enseignement dispensé, et un nombre similaire (73 %) est du même avis cinq ans après que leurs enfants ont obtenu leur diplôme.
En outre, nous avons sondé les attitudes générales des Canadiennes et Canadiens à l’égard des collèges et des universités. Le sentiment qui a recueilli le plus de soutien est que « les études collégiales et universitaires doivent être abordables pour tous les Canadiens » (88 %). Vient ensuite le fait que « au-delà de l’éducation, les collèges et les universités offrent aux étudiants des expériences de vie importantes » (84 %), qu’ils sont « essentiels pour construire un Canada plus fort » (80 %), qu’ils devraient être considérés « comme essentiels et non comme un luxe » (78 %) et qu’ils « jouent un rôle important dans le maintien de la démocratie ou des valeurs démocratiques au Canada » (64 %).
Toutefois, les Canadiennes et Canadiens qui pensent que l’éducation postsecondaire a moins de valeur aujourd’hui sont plus nombreux que ceux qui pensent qu’elle a gagné en valeur.
Selon le sondage, 60 % des personnes interrogées estiment que la valeur d’une formation collégiale ou universitaire a diminué au cours des quatre dernières années, les idéologues conservateurs étant ceux qui expriment le plus ce sentiment. Mais ce point doit être replacé dans un contexte plus large, car les répondants ont identifié presque toutes les autres options comme étant moins bonnes, 66 % d’entre eux estimant que la qualité des soins de santé s’est dégradée et 77 % ayant moins confiance dans les élus aujourd’hui qu’il y a quatre ans.
Une forte majorité de Canadiennes et Canadiens estime également que les conflits politiques et sociaux sur les campus s’aggravent.
Plus des deux tiers des personnes interrogées estiment que les conflits s’aggravent, 25 % d’entre elles déclarant qu’ils s’aggravent « beaucoup plus ». Quant à savoir si les Canadiennes et Canadiens se préoccupent de ces conflits, plus de la moitié d’entre eux se disent inquiets du niveau de désaccord sur les campus.
Enfin, nous avons demandé aux répondants ce qu’ils pensaient du travail accompli par les administrateurs des collèges et des universités pour gérer les campements érigés sur les campus au cours de l’été. Alors que 25 % n’étaient « pas certains », 28 % ont déclaré que les administrateurs faisaient du bon travail, tandis que 47 % ont déclaré qu’ils faisaient du mauvais travail.
En fin de compte, les Canadiennes et Canadiens ont une grande estime pour les collèges et les universités, ainsi que pour ceux qui y enseignent. La baisse de la valeur perçue de l’éducation postsecondaire est le résultat d’une érosion générale de la confiance à l’endroit des institutions en général.
Malgré ce recul, l’éducation postsecondaire s’en sort beaucoup mieux que les autres institutions. Nous verrons au fil du temps si les conflits sociaux et politiques qui préoccupent de nombreux Canadiennes et Canadiens joueront un rôle dans la perception future de la valeur de l’éducation postsecondaire au Canada.
Brad Lavigne est associé au cabinet Counsel Public Affairs, l’un des cabinets de relations publiques et de relations avec les gouvernements les plus respectés au Canada.
Méthodologie : 2 521 Canadiens, âgés de 18 ans ou plus, ont été sondés entre le 24 et le 29 mai 2024. Le sondage a été réalisé en ligne par le panel Léger Opinion (LEO).