Par Peter McInnis
Cet été, l’ACPPU s’est jointe à plus de 1 200 déléguées, délégués, observatrices et observateurs au 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’éducation à Buenos Aires, en Argentine.
L’Internationale de l’Éducation (IE) est une fédération qui regroupe 383 organisations membres représentant 32 millions d’éducatrices et d’éducateurs dans 178 pays. L’ACPPU entretient des relations étroites avec l’IE et un grand nombre de ses membres, en particulier ceux qui soutiennent l’enseignement supérieur.
Le Congrès de l’IE se réunit tous les cinq ans. Son choix de l’Argentine pour l’édition de cette année était significatif étant donné que ce pays, sous la stratégie néolibérale de choc du président Javier Milei, subit actuellement des pressions intenses visant à compromettre l’accès à l’éducation financée par les deniers publics. Intitulée La force du public : Ensemble on fait école ! la campagne de l’IE constitue une riposte efficace à ce type de politiques antidémocratiques.
Les participantes et participants au congrès se sont rassemblés pour une photo de groupe et ont déployé une bannière sur laquelle on pouvait lire « Si a la Escuela Publica », un rappel poignant du passé de répression violente dont a souffert l’Argentine aux mains de dictateurs militaires qui s’en sont pris directement aux enseignantes et aux enseignants, et au milieu intellectuel. Les universités argentines possèdent des monuments à la mémoire des « desaparecidos », ces milliers de personnes disparues pendant la « guerre sale » des années 1970 et 1980.
Les déléguées et délégués au congrès ont discuté de la récente publication du Groupe de haut niveau sur la profession enseignante du Secrétaire général des Nations Unies, qui offre des avis importants sur le respect des principes touchant la rémunération équitable, la sécurité d’emploi, les droits à la négociation collective, les consultations en matière de nouvelles technologies, l’équité et l’inclusion pour le personnel enseignant à tous les niveaux. La promotion de la démocratie par l’éducation est une priorité de longue date de l’ACPPU. Notre association a joué un rôle essentiel dans la préparation de la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur de 1997, qui énonce des valeurs clés pour la promulgation des libertés académiques dans l’enseignement supérieur.
Lors du Congrès mondial de l’IE, l’ACPPU a proposé une résolution visant à neutraliser, au moyen de l’organisation, les attaques politiques et idéologiques contre la liberté académique et l’autonomie des établissements. L’initiative a obtenu l’appui de l’University and College Union (RoyaumeUni) et de l’American Federation of Teachers. D’autres délégations se sont prononcées en faveur de la résolution et le Congrès l’a adoptée à l’unanimité.
L’ACPPU continue de faire preuve de leadership en matière de défense de l’éducation publique et du droit des professionnelles et professionnels de l’enseignement de poursuivre leurs recherches et activités d’enseignement sans ingérence ni représailles de la part de la classe politique ou de la direction des établissements.
Des événements récents survenus au Canada et ailleurs dans le monde ont mis en lumière les principes contestés de la liberté académique et de l’autonomie des établissements. Les universités et collèges ont fait l’objet d’une variété de menaces, allant du retrait de financement à des manœuvres législatives visant à éliminer la liberté d’expression et la titularisation. Dans de trop nombreux cas, au lieu de défendre vigoureusement des principes fondamentaux, les directions d’établissement se sont empressées de capituler devant les diktats restrictifs. Certaines ont même choisi d’obéir à de nouvelles mesures législatives avant même que celles-ci ne soient adoptées.
Malgré le climat nocif actuel, nos collègues étrangers ont fait l’éloge des mesures prises par les membres de l’ACPPU pour soutenir activement la liberté académique. Ils nous ont également rappelé que, dans la plupart des cas, leurs droits ont été beaucoup plus restreints que ceux des Canadiennes et des Canadiens.
À cette fin, nous ne devons pas nous contenter de croire que nos pratiques professionnelles résisteront aux efforts déployés pour revenir à l’époque où le personnel enseignant n’avait d’autre choix que de suivre les directives de ses employeurs et des gouvernements.
Cela est particulièrement vrai à un moment où le fait de contribuer au débat humanitaire et politique général peut mener à une censure sévère. L’Énoncé de l’ACPPU sur la liberté académique en période de conflit met clairement en lumière les enjeux particuliers de cette période difficile : « Les congédiements massifs de professeurs controversés et les restrictions subséquentes imposées au discours académique pendant et après les deux guerres mondiales du siècle dernier nous rappellent que la limitation de l’expression académique pour des motifs politiques ne doit jamais être tolérée. »
La possibilité de se rencontrer et de discuter de l’importance de l’éducation et de l’avancement des mesures de défense des droits professionnels du personnel enseignant soulève plusieurs questions. Le fait que le personnel enseignant subisse du harcèlement et que ses élèves fassent l’objet d’un sous-financement chronique demeure très troublant.
L’ACPPU est fière de défendre les objectifs internationaux de l’éducation de qualité pour tout un chacun. Or, des défis majeurs subsistent et il nous incombe à toutes et à tous de poursuivre cette cause collective avec ténacité.