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Le mot de la présidente / La question brûlante

Le mot de la présidente / La question brûlante

par Brenda Austin-Smith

Cet été, assise à mon bureau de télétravail improvisé à la maison, je pouvais sentir la fumée qui flottait dans l’air de Winnipeg. Depuis plusieurs jours, la lumière avait pris une teinte orangée, le ciel changé par les effluves de fumée âcre provenant des feux de forêt qui faisaient rage des deux côtés du Manitoba. C’était comme vivre dans une éclipse de soleil prolongée. Et pendant que le Manitoba subissait le mois de juillet le plus sec des 150 dernières années, consolidant une grave sécheresse, Lytton, en Colombie-Britannique, était anéantie en quelques minutes par les flammes.

Peu importe les qualificatifs — signal d’alarme, crise, conséquences prévisibles de la montée des températures et de la fonte des neiges en résultant — les changements climatiques sont bien là. Dans son Sixième Rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme que la hausse du nombre d’événements météorologiques extrêmes est clairement liée aux changements provoqués par les êtres humains dans l’atmosphère, dans les océans et sur la terre ferme. Le rapport du GIEC comprend une section sur les futurs possibles du climat qui insiste sur les effets des émissions croissantes sur le cycle mondial de l’eau, qu’il s’agisse de précipitations ou de sécheresse. Les modèles imprévisibles d’une surabondance ou d’une insuffisance d’eau montrent la très nette possibilité d’une pénurie et d’une insécurité alimentaires au Canada que nous n’avons jamais vécues, ni même imaginées avant.

Un article du Bulletin de l’ACPPU datant de 2017 soulignait que le Canada se retrouvait au 52e rang sur 58 des pays émetteurs de dioxyde de carbone dans le monde, selon le Germanwatch Climate Change Performance Index pour cette année-là. J’ai vérifié l’indice de cette année : le rang du Canada a encore baissé sur cette liste de la honte climatique. Seuls l’Iran, l’Arabie saoudite et les États-Unis font pire que nous, et nous faisons moins bien que la Chine, le Mexique et l’ensemble de l’Union européenne.

À l’assemblée du Conseil de l’ACPPU tenu en avril 2019, les membres ont adopté une motion appuyant certaines mesures de lutte contre les changements climatiques avec l’aide des outils politiques et de négociation à la disposition de la fédération et de ses associations. L’ACPPU est membre du Réseau Action Climat, le seul réseau au Canada qui relie les groupes syndicaux, de développement, religieux et autochtones aux groupes environnementaux en recherche de solutions systémiques et durables aux changements climatiques. Les associations peuvent tirer profit de l’action collective et du partage des connaissances rendues possibles grâce à ce réseau.

Parce qu’elles possèdent ce pouvoir de négociation, les associations de l’ACPPU peuvent et devraient s’en servir pour promouvoir des politiques et pratiques respectueuses de l’environnement dans nos campus. On peut commencer par les plans stratégiques des établissements, qui énoncent habituellement des concepts nébuleux comme « l’excellence universitaire » mais n’abordent que rarement l’adhésion à des pratiques claires et durables au nom de « l’excellence climatique ». On pourrait par exemple s’engager sérieusement à l’égard de la recherche, des cours et des liens communautaires qui incluent les points de vue des Autochtones dans des sphères de connaissances comme la gestion des feux. Les associations peuvent aussi profiter de la présence de leurs représentants et évaluateurs aux conseils d’administration et sénats pour amorcer des discussions sur les investissements dans des infrastructures vertes et une transition équitable vers la durabilité qui soutient de bons emplois partout au pays. Nous pouvons nous joindre à d’autres groupes syndicaux qui élaborent des politiques combinant emplois de qualité et santé climatique, et qui en font la promotion. Comme le souligne le site Web de la campagne SyndicatsPourleClimat : « Il n’y a pas d’emplois sur une planète morte. »

L’essentiel pour défendre la justice climatique c’est le militantisme à une échelle plus qu’individuelle. La pandémie nous a montré les hauts et les bas de tout ce qui est distant et virtuel. Nous en avons tous et toutes assez de l’isolement des carrés Zoom. Nous devons promouvoir la nature démocratique et axée sur les membres de nos associations, tout en réduisant notre empreinte carbone. L’ACPPU a déjà accru son recours aux ateliers, forums et réunions de comités sur le Web. Les liens à distance de l’ACPPU jouent un rôle important, mais ils ne peuvent pas se substituer aux rassemblements et aux marches, aux manifestations et aux célébrations de l’action collective orga-nisés pour atteindre des buts collectifs.

Malgré les sentiments d’alarme et en dépit de ce que Ian Mauro, du Centre du climat Prairie de l’Université de Winnipeg, appelle le « deuil climatique », les membres de l’ACPPU peuvent puiser dans d’autres états d’âmes pour relever ce défi, dont la colère devant l’ampleur des dommages infligés par les grandes entreprises à la terre et la détermination à agir pour les contrer. L’avantage du secteur de l’éducation postsecondaire, c’est qu’il déborde d’experts de tous les domaines de la recherche universitaire. Notre énergie est du genre qui rend ce type de changement possible, à la condition de nous organiser, de nous engager et de nous mobiliser pour le réaliser. Cette fois, nous sommes vraiment tous dans le même bateau.

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