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Le mot du président / Les syndicats comme outil pour faire avancer la justice

Le mot du président / Les syndicats comme outil pour faire avancer la justice

Par James Compton

— Votre établissement d’enseignement vous envoie-t-il des messages vantant ses initiatives pour créer un milieu de travail juste? J’en doute. Par contre, il vous a assurément informé de sa politique de lutte contre le harcèlement et la discrimination, ou de son code de conduite. Et il vous a peut-être même rappelé dans un courriel la responsabilité qui vous incombe, en vertu des lois provinciales sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée, de préserver la confidentialité des renseignements personnels des étudiants. Mais la justice? Silence radio.

Pourquoi? Nous avons pourtant un document explicatif sur les règles et les responsabilités du personnel académique et des administrateurs : la convention collective. C’est là, je pense, la raison de ce silence. Les conventions collectives ne sont pas le sujet de prédilection des employeurs parce qu’elles sont un outil de contrôle légal, ou de limitation légale, des droits de la direction. La convention collective est, comme son nom l’indique, le fruit d’une négociation entre deux parties. Peut-être pas parfaite, et susceptible d’être modifiée par les deux signataires. Qu’importe, une fois signée et approuvée par l’employeur et la base syndicale, elle est le principal énoncé des règles obligatoires et des responsabi­lités au travail.

Pour autant, les conventions collectives n’ont pas engendré des milieux de travail où les principes d’égalité des droits et de justice sont absolus. À preuve, les enseignants contractuels syndiqués continuent de composer avec une rémunération dé­risoire et l’absence de sécurité d’emploi. Et selon les statistiques, les femmes et les personnes racialisées sont démesurément victimes de ces inégalités. Si ces problèmes persistent, il ne faut pas s’en prendre aux conventions collectives, mais plutôt au fait qu’elles reflètent la lutte de pouvoir au sein du milieu de travail. Les négociations contractuelles sont des bras de fer sociaux et po­litiques pour créer un « espace de liberté » dans le quotidien des travailleurs.

Les conventions collectives jalonnent le chemin de l’égalité et de la justice. En fait, elles écrivent l’histoire du militantisme syndical. Comme le spécialiste en droit du travail Michael Lynk l’a fait remarquer dans un numéro antérieur du Bulletin, les syndicats consacrent maintenant beaucoup de temps et d’énergie à la cause des droits de la personne. Il ajoutait qu’en utilisant la procédure de grief et d’arbitrage, les syndicats ont été au cœur des actions pour officialiser les protections accordées aux conjoints de même sexe mariés et contre la discrimination fondée sur la capacité physique, le sexe, la race ou l’identité ethnique.

Des études récentes ont confirmé l’existence d’une corrélation entre l’inégalité des revenus et la vigueur du mouvement syndical dans la société. L’écart entre les salariés à faible revenu et ceux à haut revenu s’est creusé ces dernières décennies au rythme de la désyndicalisation des travailleurs, en nombre et en force. Comme l’a souligné Ed Broadbent : « Tout comme la démocratie politique est fondée sur le droit de choisir nos représentants et nous permet de rechercher, de partager et d’exercer le pouvoir dans le monde réel des citoyens libres, la démocratie en milieu de travail exige en plus que les travailleurs aient leurs propres représentants et un pouvoir véritable. » C’est ce droit, nous rappelle-t-il, qui a été inscrit dans une décision de la Cour suprême du Canada en 2006.

Nous devons raconter nos expériences pour illustrer le lien entre des syndicats forts et la démocratie. C’est une démarche à la fois utopique et pratique. Je ne propose pas ici de « croire aux licornes », comme l’a un jour avancé un participant déçu lors d’une allocution que je faisais sur la réforme du financement de l’éducation postsecondaire. La création de nouveaux espaces de liberté dans le milieu de travail repose en partie sur la capacité à recon­naître la possibilité qu’il peut exister un autre ordre du monde. La « possibilité objective », par exemple, que les univer­sités et les collèges puissent instruire une nouvelle génération d’étudiants et mener des recherches productives sans s’appuyer sur un nombre croissant d’enseignants précaires. Mais n’attendez pas qu’une note vous le rappelle; impliquez-vous dans votre syndicat.

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