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Entretien // Kimberly Ellis-Hale

Entretien // Kimberly Ellis-Hale

Kimberly Ellis-Hale est agente de liaison pour le personnel académique contractuel (PAC) au sein de l’association du personnel académique de l’Université Wilfrid-Laurier. Elle était à la tête de la stratégie et de la mobilisation du PAC lors des négociations avec l’administration à l’automne 2016. Le Bulletin s’est entretenu avec elle au sujet des moyens qu’elle a employés afin de rallier du soutien pour les enjeux du PAC et de mobiliser les membres.

Il y a en tout temps de 400 à 600 membres du PAC à l’Université Wilfrid-Laurier. En quoi a-t-il été difficile de les mobiliser?

En abordant les négociations avec le SCFP 926 dans une optique « diviser pour mieux régner », l’administration a poussé le PAC dans ses derniers retranchements. Nous avons donc jugé très important de mobiliser les membres. Or, on ne cesse de répéter qu’il est difficile de mobiliser le PAC parce que ses membres enseignent souvent dans plusieurs universités à la fois. J’estimais également que nous avions besoin du soutien du personnel académique permanent (PAP).

Comment avez-vous procédé?

J’ai d’abord préparé le terrain en rédigeant des articles pour le bulletin de notre association du personnel académique dans lesquels je déboulonnais des mythes comme « Le PAC n’est que du personnel complémentaire qui comble les pénuries », « Le PAC reçoit un salaire égal pour un travail égal », etc. Ces mythes sont malheureusement répandus, même chez le PAP. Il fallait de toute évidence intensifier nos efforts de sensibilisation!

Quelles sont les mesures que vous avez prises pour parvenir à mobiliser les membres du personnel contractuel?

Nous avons commencé par leur adresser une petite demande : de nous dire à combien d’étudiants ils avaient enseigné à Laurier. Pour y répondre, ils ont dû passer en revue le nombre de cours qu’ils ont donnés et le nombre d’étudiants par cours. Un grand nombre d’entre eux ont utilisé leurs éva-luations de cours pour établir les nombres exacts. Ils ont répondu massivement.

Comment avez-vous utilisé ces nombres à votre avantage?

Nous avons lancé une campagne de publicité : « Le PAC a enseigné à plus d’un quart de million d’étudiants à Laurier, mais il n’a pas encore… » Et nous énumérions les choses que nous étions en train de négocier. Nos annonces, parues dans six médias locaux, montraient à nos communautés que malgré son immense contribution, le PAC était exploité. À partir de ce moment-là, nos membres ont répondu en très grand nombre à nos demandes subséquentes.

Quels autres moyens avez-vous utilisés pour mobiliser les membres?

Nous avons par la suite procédé à l’envoi massif de sondages, qui ont aidé l’équipe de négociation à tenir les membres informés des enjeux, notamment du fait que nous ne sommes pas autorisés à utiliser les mots

personnel académique contractuel pour parler de nous à Laurier. Nous avons aussi créé le « Century Club » (club des centenaires) pour déboulonner le mythe selon lequel le PAC est « du personnel complémentaire qui comble les pénuries ». Chaque membre du PAC qui atteignait 100 cours donnés à Laurier devenait membre du club et recevait entre autres une tasse de voyage gravée. Le cap des 100 cours est important parce qu’il faut environ 11 ans à un membre du PAC qui a une charge d’enseignement complète pour l’atteindre, ce qui démontre sans l’ombre d’un doute que nous ne sommes pas du personnel « temporaire ». Nous avons aussi distribué des cartons portant des messages très percutants, par exemple : « Au Canada, on appelle les personnes qui gagnent moins de 24 000 $ par année les travailleurs à faible revenu. À Laurier, on les appelle le personnel académique contractuel. » Nous avons aussi créé et distribué des t-shirts Doonesbury qui se sont révélés fort populaires.

En quoi est-il difficile d’obtenir un soutien accru du personnel académique permanent?

Beaucoup de membres du corps professoral se disent débordés. Les universités se tournant de plus en plus vers du personnel académique contractuel pour l’enseignement, un nombre sans cesse réduit de membres du PAP doivent assumer des tâches de service et d’administration croissantes tout en demeurant productifs dans leurs travaux de recherche. Les membres du PAC n’ont généralement pas le droit d’assumer ces responsabilités, mais s’ils l’ont, ils le font sans rémunération ni reconnaissance. Cela doit changer. Nous devons rallier le PAP à notre cause, de sorte qu’il s’engage activement et qu’il tienne tête à l’administration par rapport aux enjeux du PAC.

Comment avez-vous convaincu le personnel permanent d’accorder un soutien accru au PAC?

Ils avaient tout intérêt — tout comme nos étudiants — à se joindre à notre lutte parce que nous devenions rapidement la nouvelle majorité. Nos conditions d’emploi ont des incidences sur la charge de travail du PAP, la gouvernance collégiale, la viabilité du régime de pension, la liberté académique et le pouvoir de négociation, sans oublier la masse critique nécessaire pour l’efficacité de la recherche. Tout porte à croire que si les choses ne changent pas bientôt, le personnel académique permanent se sentira de plus en plus isolé. L’insécurité que vit le PAC s’insinue rapidement dans les conditions de travail du PAP — il suffit de regarder de l’autre côté de la frontière.

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