(Ottawa, le 17 septembre 2021). L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) demande à ses membres et alliés à l’Université de Toronto, dans l’ensemble du pays et de par le monde, de mettre fin aux mesures liées au blâme à l’endroit de l’Université de Toronto.
Cette décision fait suite à celle de l’Université de Toronto de faire marche arrière et d’offrir à nouveau à Mme Valentina Azarova le poste de directrice du Programme international des droits de la personne, à la Faculté de droit.
Le Comité de direction de l’ACPPU voit dans la décision de l’Université de Toronto une « victoire pour la liberté académique ». Toutefois, l’Association a informé l’Administration de l’Université de Toronto que le blâme ne serait officiellement intégralement levé que lorsque l’Université aurait réglé tous les points en litige de l’affaire, y compris étendre expressément la protection de la liberté académique aux postes de gestion académique et élaborer des lignes de conduite interdisant l’ingérence des donateurs dans les affaires académiques internes.
Voici la déclaration complète de l’ACPPU.
Déclaration de blâme contre l’Administration de l’Université de Toronto
Le 22 avril, le Conseil de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’Université (ACPPU) a adopté une mesure d’exception, à savoir blâmer l’Administration de l’Université de Toronto concernant le scandale lié au recrutement à la Faculté de droit. À l’examen approfondi de la question, les délégués du Conseil ont conclu que la décision, à la suite de l’intervention d’un grand donateur et juge en fonction, de ne pas aller de l’avant dans le recrutement de Mme Valentina Azarova au poste de directrice du Programme international des droits de la personne, enfreignait gravement les principes reconnus de liberté académique. Si les universités et les collèges ne sont pas réellement protégés des ingérences et des interférences extérieures, leur intégrité et leur mission sont en péril.
Dans les discussions et la correspondance avec l’Administration de l’Université, l’ACPPU a souligné que la condition principale de levée du blâme serait que l’Université offre à nouveau le poste à Mme Azarova. Nous avons appris que cette condition essentielle a désormais été satisfaite.
L’Université a présenté à Mme Azarova une offre d’emploi. Après avoir soigneusement étudié l’offre, par contre, Mme Azarova l’a déclinée. Sa décision, bien que regrettable, est bien compréhensible compte tenu de la réaction initiale de l’Université aux attaques infondées et calomnieuses sur sa réputation et ses recherches.
Compte tenu de cela, le Comité de direction de l’ACPPU conseille la suspension du blâme à l’endroit de l’Administration de l’Université de Toronto, dans l’attente d’une décision finale du conseil de l’ACPPU à sa réunion des 25 et 26 novembre. Jusqu’à ce moment, le Comité de direction demande un arrêt de toutes les mesures liées au blâme.
Les efforts et la solidarité sans précédents des membres de l’ACPPU et de ses alliés au sein de l’Université de Toronto, autant que dans l’ensemble du pays et de par le monde, ont obligé l’Université à revenir en arrière et à renouveler l’offre d’emploi de Mme Azarova. C’est une victoire importante pour la liberté académique et l’ACPPU transmet sa profonde gratitude à toutes celles et à tous ceux qui ont donné leur appui et fait campagne dans le cadre du blâme.
Il y a encore d’autres mesures que l’Université doit prendre pour vraiment régler les problèmes qui ont suscité le blâme. Mentionnons notamment l’élargissement expresse des protections de la liberté académique aux postes de gestion universitaire, par exemple celui de directeur du Programme international des droits de la personne, et la préparation de lignes de conduite interdisant au bureau d’avancement de l’Université et aux donateurs de s’ingérer dans les affaires académiques internes, notamment les décisions relatives au personnel. L’ACPPU a fait savoir au recteur de l’Université de Toronto, M. Meric Gertler, qu’elle est disposée à discuter des modalités permettant à son Administration de satisfaire à toutes les conditions requises pour que le Conseil lève officiellement le blâme à sa réunion de novembre.
L’ACPPU presse également la direction de l’Université de prendre des mesures pour réparer les dommages causés à sa réputation par cette affaire en reconduisant son engagement envers la liberté académique, la gouvernance collégiale et la responsabilisation institutionnelle.