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Embauche de groupes d’employés à l'Université de l’EADO

Embauche de groupes d’employés à l'Université de l’EADO

Depuis 2020, l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario a mené trois séries d’« embauche groupée », comme on les surnomme, dont une première embauche de quatre professeurs en voie d’obtenir la permanence qui se définissent comme des personnes autochtones et deux autres séries d’embauche d’enseignants noirs.

Le fruit d’une collaboration entre l’OCADFA (Ontario College of Art and Design Faculty Association) et des membres clés de l’administration, ces embauches représentent, de la part de l’établissement torontois, une tentative ciblée de règlement de certains des problèmes les plus pernicieux auxquels font face les nouveaux enseignants dont l’embauche répond à des impératifs d’équité, soit la pression associée au besoin de « représenter » un groupe beaucoup plus vaste et diversifié, les tâches et attentes additionnelles de leurs postes, et l’isolement et la stigmatisation qui accompagnent le fait d’être perçu(e) comme une personne embauchée pour la forme dans un établissement où perdure le racisme systémique.

« L’embauche fondée sur des impératifs d’équité a un côté très toxique que nous devons reconnaître », affirme la cinéaste et présidente de l’OCADFA, Min-Sook Lee. « De telles situations peuvent être très néfastes. »

Selon elle, la solution réside dans la stratégie d’embauche groupée – c’est-à-dire le recrutement simultané de plusieurs membres du personnel enseignant dans le but d’éviter qu’une personne subisse toute la pression. D’ajouter la cinéaste, cette approche a été préconisée par plusieurs membres de longue date de l’OCADFA, dont la poète Lillian Allen, professeure à la faculté des arts et des sciences, Andrea Fatona, professeure agrégée à la faculté des lettres, Ryan Rice, doyen de la faculté des arts et des sciences, et Elizabeth (Dori) Tunstall, première doyenne noire nommée à la tête d’une grande école de design de l’Amérique du Nord. Min-Sook Lee affirme qu’Elizabeth Tunstall a réclamé des changements structuraux à l’OCADU lorsqu’elle s’est jointe à l’association en 2016.

L’intérêt de l’université pour l’équité remonte à une affaire de relations de travail très médiatisée du milieu des années 2010, quand il a été déterminé qu’on avait refusé une promotion à un membre noir du personnel enseignant en raison de racisme anti-Noirs. À l’époque, la présidence de l’OCADU avait formé un groupe d’étude chargé d’examiner la diversité au sein du personnel qui, comme le fait remarquer Min-Sook Lee, ne ressemblait en rien à celle de la population étudiante.

La modification des pratiques d’embauche a commencé par le recrutement de plus d’enseignantes, suivie d’enseignants noirs, autochtones et autrement racisés. On a vite compris cependant que le maintien en poste était difficile. Comme le souligne Min-Sook Lee, tous les bienfaits escomptés de l’embauche fondée sur des impératifs d’équité s’envolent si les personnes embauchées quittent l’université parce que l’expérience s’avère négative.

Selon elle, un des grands buts de la stratégie d’embauche groupée est de veiller à ce que le nouveau personnel se sente épaulé et bien accueilli, et qu’il ait de nombreuses occasions de nouer des relations avec ses pairs de divers départements. « Cela demande un dialogue constant », explique-t-elle.

En plus d’effectuer des vérifications régulières, l’OCADFA a cherché à faire en sorte que les membres du personnel embauchés en groupe ne croulent pas sous le type de tâches administratives qui attendent les personnes nouvellement embauchées à des postes d’enseignement menant à la permanence. En raison des pénuries continues d’effectifs, les nouveaux membres de l’OCADU doivent présider des comités et superviser du personnel enseignant bien plus expérimenté, et ce, sans rémunération adéquate. De l’avis de Min-Sook Lee, la stratégie d’embauche groupée exige que davantage de ressources soient prévues pour exécuter ce genre de tâches.

À titre informatif, Min-Sook Lee fait savoir aux autres associations de personnel académique que la méthode d’embauche groupée a été inscrite dans la convention collective. Elle ajoute que l’association a appelé l’administration à former des recruteurs afin qu’ils puissent effectuer ce genre d’embauche de façon efficace. 

« Je pense qu’il est bon de pouvoir trouver un espace dans lequel collaborer à un but commun avec l’administration », explique-t-elle. Mais le suivi des résultats est essentiel. Il y a l’embauche, mais il y a aussi le maintien en poste. »