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Le coin du directeur général / La liberté académique en période de conflit

Le coin du directeur général / La liberté académique en période de conflit

Par David Robinson

La liberté académique, comme toutes les libertés d’expression, est particulièrement vulnérable en temps de guerre, de conflit et de troubles sociaux. Les congédiements massifs de professeurs controversés et les restrictions subséquentes imposées au discours académique pendant et après les deux guerres mondiales du siècle dernier nous rappellent que la limitation de l’expression académique pour des motifs politiques ne doit jamais être tolérée.

Aujourd’hui, la guerre entre Israël et le Hamas fait l’objet de débats de plus en plus intenses et acrimonieux. Elle a donné lieu à des appels à la censure des syndicats d’étudiants et au licenciement du personnel universitaire pour les commentaires qu’ils ont faits sur la guerre.

Il est facile de défendre la liberté d'expression et la liberté académique lorsque tout le monde est d’accord. Mais en tant que communauté diversifiée, les universités et les collèges, du fait de leur nature même, donnent voix à des expériences, des hypothèses et des points de vue différents. Il faut s’attendre à des arguments et à des débats, qui sont souvent source de division et de polarisation, car ils sont au cœur de la mission de l’enseignement supérieur.

Cela ne veut pas dire que la liberté académique est sans limites. Elle ne donne pas le droit d’enfreindre la loi, par exemple en diffamant quelqu’un, en exerçant du harcèlement ou de la discrimination, en enfreignant les lois sur le discours haineux ou en faisant fi des responsabilités et des devoirs professionnels. Elle ne constitue pas une défense contre la malhonnêteté académique ou le non-respect de normes éthiques et disciplinaires.

Toutefois, ces limites juridiques et professionnelles n’empêchent pas le débat vigoureux, les propos immodérés ou les critiques négatives acérées. Les membres du personnel académique n’ont pas à être aimables, gentils ou diplomates dans leur expression, tant qu’ils ne contreviennent pas à la loi ou à leurs obligations professionnelles.

En outre, la liberté académique ne confère pas l’immunité contre la critique. Le fait qu’un membre du personnel académique puisse faire l’objet de dures critiques ou de condamnation de la part de collègues, d’étudiants ou de membres du public n’est pas en soi une violation de la liberté académique. Au contraire, c’est cette liberté académique qui permet les discussions et les débats robustes, incluant les échanges souvent pointus et houleux.

Toutefois, si un universitaire est visé par un discours malveillant, diffamatoire, violent, menaçant ou harcelant, sa capacité à exercer sa liberté académique est compromise. Dans de tels cas, comme le précise l’Énoncé de principes de l’ACPPU sur le harcèlement en ligne ciblé du personnel académique, les administrations des collèges et des universités ont « l’obligation positive de protéger la liberté académique » et devraient prendre des mesures décisives pour défendre le personnel académique contre un tel harcèlement.

L’exercice de la liberté académique exige en outre que les universités et les collèges résistent aux pressions extérieures visant à censurer les membres de la communauté académique. Il s'agit notamment des tentatives des gouvernements, des donateurs, des politiciens ou des groupes de pression de cibler le personnel académique et les étudiants pour avoir exercé leurs droits d'expression dans le respect de la loi.

La liberté académique traverse une période difficile, mais les dossiers politiquement controversés impliquant des enseignants de collèges et d’universités ne sont pas nouveaux. Pendant la guerre froide, de nombreux universitaires ont été injustement licenciés ou mis sur une liste noire, non pas pour ce qu'ils enseignaient dans leurs salles de classe ou ce qu’ils publiaient dans des revues scientifiques, mais à cause de leurs opinions politiques et de leur militantisme social. L’histoire montre que c’est lorsque des menaces politiques à la liberté académique s’intensifient qu’il devient encore plus important pour le personnel académique de contribuer au débat public.

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