Par Peter McInnis
La 6e Conférence de l’ACPPU sur l’équité, qui s’est déroulée à Ottawa sous une forme hybride, était l’occasion de rencontrer des militantes et des militants de l’ensemble du pays et d’échanger avec eux. La rencontre avait pour thème la traduction de la théorie et du vécu en militantisme concret pour la grande variété de nos membres.
Les participantes et participants ont fait part de leur enthousiasme envers l’échange de connaissances, mais aussi de leur frustration à l’égard du fait que le sentier de l’équité est souvent parsemé d’obstacles et d’objectifs éloignés. L’emprunter peut parfois être laborieux.
Il y a trois ans, au moment de la dernière conférence sur l’équité, peu de déléguées et de délégués auraient pu imaginer que nous nous apprêtions à traverser une pandémie qui aurait pour effet de compliquer davantage l’atteinte des objectifs d’équité et de prolonger les trajectoires de réforme.
Les participantes et participants ont aussi déploré le fait qu’en février 2022, le centre-ville d’Ottawa a été le théâtre d’un triste spectacle de plusieurs semaines surnommé le « convoi de la liberté ». Des milliers de dissidentes et de dissidents ont pris d’assaut les lieux publics pour réclamer la résolution d’une liste de doléances touchant des sujets de toutes sortes, des politiques de vaccination contre la COVID-19 à la place accordée à l’immigration. Les sentiments exprimés par cet assemblage hétéroclite de personnes traduisaient un mouvement de ressac anti-intellectualisme contre bon nombre des demandes d’inclusion matérielle à la société et de réforme progressive de nos universités et collèges formulées par des groupes ayant droit à l’équité.
La publication du rapport du juge Paul Rouleau sur le recours à la Loi sur les mesures d’urgence a confirmé que les forces de l’intolérance et du sectarisme étaient encore bel et bien présentes dans le Canada d’aujourd’hui. Les déléguées et délégués à la conférence ont affirmé de façon catégorique que l’intention de mécontents de freiner ou même de renverser les objectifs de l’équité n’allait pas les décourager de réaliser nos objectifs communs.
Le passé nous a appris qu’on ne règle rien en attendant. Le temps qui passe ne dissipe pas les obstacles à l’équité; seul l’activisme apportera les résultats escomptés.
Les personnes ayant participé à la Conférence sur l’équité à titre d’alliés ont pu observer la grande variété des questions d’équité, allant du sexe, à la race, en passant par l’orientation sexuelle, l’âge et les manifestations de difficultés sur le plan de la santé mentale et physique. Nous en avons appris sur l’intersectionnalité de ces questions et sur l’importance de créer un langage favorable à l’atteinte des objectifs d’équité pour nos conventions collectives. Au besoin, ce langage doit aussi bénéficier de la protection du processus de grief et d’arbitrage.
Le terme « accommodement » est souvent soulevé, à la fois dans son sens technique d’obligation législative et contractuelle, et comme impératif moral de prise en compte des besoins. Or, étant donné la lenteur des progrès effectués sur le plan de l’équité, on peut parfois se demander combien de temps doit durer l’accommodement de personnes qui refusent d’accommoder les besoins des groupes de la société ayant droit à l’équité.
La Trousse de l'équité de l'ACPPU est une ressource multidimensionnelle de sensibilisation des alliées et alliés des groupes ayant droit à l’équité et un guide détaillé de résolution de questions spécifiques découlant de ce processus. Elle contient un aperçu du caractère central de toutes les manifestations de l’équité dont le but est non seulement de réitérer les thèmes de l’équité auprès des militantes et militants de l’équité, mais également de soutenir avec éloquence que l’équité doit être l’affaire de toutes et tous. Parce que les gains effectués en matière d’équité profitent à tout un chacun, nous devons tous participer à cette campagne.
Il n’est pas rare d’entendre des administrateurs affirmer que les données sur les questions d’équité manquent. Ils répondent aux facultés que la collecte de données sur l’équité est trop complexe ou chronophage, et que les préoccupations liées à l’équité sont déjà prises en compte dans les politiques existantes. La Trousse de l’équité montre comment répliquer à ce genre de réponse toute faite.
Outre les conseils spécifiques de résolution des questions d’équité qu’elle offre, la Trousse de l’équité explique l’importance de ce projet d’envergure. « La réalisation de l'équité est une responsabilité à la fois individuelle et collective. Les associations de personnel académique doivent jouer un rôle de premier plan. L'équité est plus qu'un ensemble d’enjeux particuliers. C'est une lentille à travers laquelle toutes les questions devraient être considérées. Il ne s'agit pas d'équilibrer des intérêts différents et contradictoires. Il s'agit de parvenir à la justice pour tous. »
Comme l’a répété l’hymne spirituel de la lutte pour l’égalité raciale à des générations de militantes et de militants, il faut toujours garder l’œil sur son objectif. En même temps que de nous rappeler le caractère collectif de notre lutte, nous devons féliciter les déléguées et délégués à la Conférence sur l’équité de l’ACPPU pour leurs efforts continus.
Vous trouverez la Trousse de l’équité sur le site web de l’ACPPU, à l’adresse caut.ca/fr/equity-toolkit.