Par David Robinson
En novembre 2021, un représentant du syndicat des professeurs d'université afghans (AUPU) s'est adressé au Conseil de l'ACPPU, trois mois seulement après que les talibans eurent repris le contrôle du pays. Dans un discours empreint d'émotion, il a décrit comment le gouvernement taliban avait agi rapidement pour remplacer des hauts cadres par des personnes choisies pour des raisons politiques, renvoyer des gens qui avaient émis des critiques dans les universités et menacer la direction de l'AUPU.
Depuis, la répression de la communauté académique du pays n'a fait que s'aggraver avec la dissolution du syndicat et l'annonce que les femmes ne seraient plus autorisées à fréquenter les universités, ce qui constitue une violation directe des droits internationaux de la personne.
Après le retrait des forces de l'OTAN d'Afghanistan, le Canada s'est engagé à accueillir 40 000 réfugiés humanitaires. Bien que le gouvernement affirme avoir réinstallé un peu plus de 25 000 Afghans à ce jour, beaucoup d'autres attendent dans la peur et l'incertitude, dont des centaines d'universitaires vulnérables. Entretemps, le programme humanitaire spécial du Canada visant à réinstaller des ressortissants afghans vulnérables, bien que louable, n'inclut pas spécifiquement les professeurs ou les dirigeants syndicaux, même s’ils sont pris pour cible par les forces de sécurité talibanes.
L'ACPPU, par l'intermédiaire de sa Fondation pour les réfugiés, fait ce qu'elle peut pour aider ses collègues universitaires et syndicaux. Nous aidons à parrainer une dirigeante syndicale et sa famille pour qu'elles se réinstallent au Canada, mais des dizaines d'autres personnes nous ont également contactés pour obtenir une aide urgente. Le gouvernement canadien n'a malheureusement pas fait grand-chose pour leur venir en aide.
Le Canada a un bilan mitigé en matière de soutien aux réfugiés universitaires. Entre 1933 et 1941, peu de mesures ont été prises pour aider les universitaires à fuir l'Europe occupée par les Allemands. Pendant la guerre froide, le Canada est venu en aide aux universitaires de Hongrie et de Tchécoslovaquie à la suite de la répression des mouvements dissidents par l'Union soviétique. Par exemple, un programme spécial de subventions avait été créé pour les universités qui embauchaient des professeurs tchèques et slovaques. Mais lorsque le gouvernement du Chili a été renversé en 1973, les représentants canadiens ont agi avec prudence, l'ambassadeur au Chili, Andrew Ross, défendant même le coup d'État militaire et affirmant que les professeurs chiliens qui demandaient l'asile au Canada étaient une « bande » de gauchistes.
Dans une lettre adressée à l'époque au secrétaire d'État Mitchell Sharp, le secrétaire général de l'ACPPU a exhorté le gouvernement à mettre en place un programme pour les universitaires chiliens sur le modèle de celui créé pour les professeurs tchèques et slovaques.
Le gouvernement a continué à faire traîner les choses en longueur jusqu'à ce qu'une mission d'enquête au Chili constate que presque tous les universitaires du pays avaient déclaré connaître quelqu'un qui avait été harcelé, torturé, emprisonné ou tué par les autorités militaires. Les rapports continus sur les violations des droits de la personne et la pression du public ont finalement incité Ottawa à créer un programme spécial pour les réfugiés universitaires chiliens.
Étant donné la situation désastreuse à laquelle sont confrontés nos collègues en Afghanistan aujourd'hui, le gouvernement du Canada doit de toute urgence faire davantage pour venir en aide aux universitaires et aux syndicalistes qui risquent à tout moment d'être arrêtés et tués. Comme l'histoire l'a montré, des programmes de réfugiés pour les universitaires en danger ont déjà été offerts. Tout ce qu'il faut maintenant, c'est une volonté politique.