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Le coin du directeur général / Prendre parole contre l'ingérence de la classe politique dans la liberté académique

Le coin du directeur général / Prendre parole contre l'ingérence de la classe politique dans la liberté académique

Par David Robinson

En mars 2021, l'Université d'État de Boise a pris la décision inhabituelle de suspendre l'enseignement du cours obligatoire intitulé Foundations of Ethics and Diversity (Fondements de l’éthique et de la diversité). Cette décision scandaleuse a été prise après qu'un législateur de l'État s’est plaint qu'un étudiant du cours aurait été contraint de s'excuser pour son « privilège blanc »et aurait été victime de railleries et d'attaques verbales de la part d'autres étudiants. Une enquête n'a pas permis d'établir le bien-fondé de la plainte, mais ce fait n'a pas suffi à calmer la machine à scandales qui s'est mise en marche. Après plus d'un an, les attaques contre l'enseignement de la théorie critique de la race, de l'équité et de la diversité n'ont fait que s'amplifier.

Partout aux États-Unis, les élus redoublent d'efforts pour imposer leurs vues politiques aux universités et aux collèges par le biais d'une législation ciblant les initiatives en matière d'équité et de diversité et l'enseignement de l'histoire du racisme. Il s'agit d'une attaque absolument flagrante contre l'autonomie des universités et la liberté académique, et d'une hypocrisie stupéfiante. Alors même qu'ils décrient le caractre propice à la censure de la « culture du bannissement », ces mêmes politiciens menacent simultanément de ne pas financer les établissements qui refusent d’aseptiser leur enseignement de l'histoire américaine.

Si, jusqu'à présent, le Canada a été épargné par le pire des guerres culturelles à l'américaine sur les campus, il n'a pas été totalement immunisé. Les provinces de l'Alberta et de l'Ontario ont imposé aux universités et aux collèges des exigences en matière de « liberté d'expression », une façon pas si subtile de jeter un os à une base politique convaincue que les établissements postsecondaires sont envahis par des gauchistes zélés et intolérants. Au Québec, le gouvernement Legault a récemment adopté le projet de loi 32, Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, qui oblige les universités à mettre sur pied des comités chargés d'examiner les plaintes de « censure ». Et puis il y a le leader conservateur Pierre Poilievre, qui a promis qu'en tant que premier ministre, il nommerait un « gardien de la liberté d'expression » chargé de protéger « la liberté universitaire et la liberté d'expression contre les responsables surl es campus ».

Il peut être tentant de considérer ces développements comme une simple posture politique cynique. Mais comme l'expérience récente aux États-Unis l'a montré, il existe un réel danger que les efforts législatifs descendants visant à « protéger » la liberté d'expression et la liberté académique sur les campus puissent facilement dériver vers des diktats et des bâillons éducatifs à part entière. Lorsque les politiciens imposent ce qui peut ou ne peut pas être enseigné et discuté en classe, ou quelles recherches peuvent ou ne peuvent pas être menées, ils violent directement la liberté académique. Ils enfreignent également le principe de gouvernance collégiale en vertu duquel le personnel académique joue le rôle principal dans la prise de décision en matière d'éducation.

Les universités et les collèges ne peuvent pas remplir leur mission de préservation, de partage et d'avancement des connaissances si les gouvernements circonscrivent le contenu des discussions et des recherches en classe. Cela signifie que la communauté universitaire doit résister agressivement à toute intrusion politique dans les affaires académiques. À cet égard, il est troublant de constater que peu ou pas d'administrateurs d'universités et de collèges au Canada se sont prononcés publiquement contre l'ingérence politique, qu'il s'agisse d'exigences de « liberté d'expression », de financement fondé sur le rendement, de mandats imposés par le gouvernement ou de nominations partisanes au conseil d'administration. Nous devons collectivement dénoncer plus vigoureusement ces intrusions et les repousser afin que la recherche et l'enseignement universitaires puissent se développer librement.

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