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Le mot de la présidente / Deux résolutions, une gouvernance collégiale

Le mot de la présidente / Deux résolutions, une gouvernance collégiale

Par Brenda Austin-Smith

À son assemblée d’avril, le Conseil de l’ACPPU a adopté deux importantes résolutions. L’une réclamait la démission des administrateurs et politiciens responsables de la débâcle financière et administrative qui a mené à l’insolvabilité de l’Université Laurentienne. L’autre prononçait un blâme contre la direction de l’Université de Toronto pour ne pas avoir protégé la liberté académique et la prise de décisions collégiale contre des influences extérieures dans le dossier bâclé de l’embauche de Valentina Azarova, spécialiste du droit international relatif aux droits de la personne. Bien qu’ils puissent sembler à première vue non apparentés, ces deux gestes, dont l’un vise la mauvaise gestion financière d’un établissement public et l’autre des irrégularités dans le processus d’embauche de personnel académique, ont un élément critique en commun. Dans les deux cas, des pratiques de gouvernance collégiale ont été occultées, contournées ou tout simplement bafouées.

À l’Université de Toronto, les répercussions de ces manquements incluent la démission d’un associé de recherche du programme de droit international des droits de la personne et de plusieurs membres du comité de recrutement de l’université, ainsi que la démission de Kent Roach de son poste de président du centre Asper de la faculté de droit de l’Université. À ces démissions s’ajoutent la condamnation généralisée de la décision de l’Université et l’atteinte continue à sa réputation par suite de la diffusion des documents ayant alimenté les discussions de l’assemblée du Conseil de l’ACPPU.

Dans le cas de l’Université Laurentienne, la mauvaise gestion financière de la direction a coûté leur emploi à près de 100 membres du personnel académique et de soutien, forcé plusieurs collègues à prendre leur retraite au pied levé, compromis le parcours de centaines d’étudiants et donné un coup dur à Sudbury et à ses environs. La direction de l’association des professeures et professeurs a été en pratique coupée de ses membres en raison de la confidentialité obligée du processus ordonné par le tribunal, tandis que les protections prévues à la convention collective ont été contournées. Les contrecoups se poursuivent : le programme d’Études autochtones offert par l’entremise de l’Université de Sudbury fermera ses portes en raison de l’annulation de l’entente entre l’Université Laurentienne et l’Université de Sudbury. D’autres universités verront également leurs ententes avec l’Université Laurentienne prendre fin, et des instruments de musique jadis utilisés par des collègues de la Laurentienne dans le cadre de son illustre programme de musique seront bientôt vendus.

Les causes distales de ces deux situations sont attribuables aux gouvernements, qui ont discrètement réduit leur soutien aux collèges et universités au cours des 30 dernières années. L’insuffisance de son financement de base a poussé l’Université Laurentienne à investir fortement dans des projets d'infrastructure afin d’attirer davantage d’étudiants, tandis que l’approbation des donateurs semble avoir pesé lourd dans l’annulation du processus d’embauche de Valentina Azarova à l’Université de Toronto.

Cependant, ce sont l’arrogance des membres de la haute direction des universités et leur mauvaise gestion qui constituent la cause proximale des deux catastrophes. Selon des documents relatifs au cas de l’Université de Toronto, des communications avec un juge en exercice de la Cour canadienne de l’impôt, le juge David E. Spiro, seraient à l’origine du fait que la candidate la mieux classée parmi un groupe de plus de 100 candidats potentiels ait été soudainement qualifiée d’« inapte sur le plan académique » et de personne dont l’embauche « causerait de graves torts à l’université, y compris en matière de collecte de fonds ». S’il n’est pas surprenant que des donateurs demandent à se prononcer sur des questions d’embauche de personnel académique et de programmation dans nos établissements publics, la chose à faire en pareil cas est de protéger sans réserve les processus collégiaux contre une telle ingérence inappropriée. Or, il semblerait plutôt que la haute direction de l’université soit intervenue vigoureusement pour neutraliser le processus d’embauche.

L’ancien recteur de la Laurentienne, Dominique Giroux, alléguait tous les ans avoir atteint l’équilibre budgétaire, et ce, même quand l’Université était déjà endettée. Nos collègues de l’Association des professeures et professeurs de l’Université Laurentienne ont demandé à maintes reprises à Dominique Giroux et à d’autres responsables de la gestion du budget de l’université de leur procurer des renseignements financiers. Mais les demandes de l’APPUL ont toujours été rejetées, même dans la période précédant les négociations collectives, lorsqu’on s’attend à ce que l’employeur transmette des renseignements financiers à l’association. C’est le syndicat qui a sonné l’alarme, en dénonçant à répétition le manque de transparence et d’indication claire de la part de l’administration Giroux et du Conseil d’administration quant à l’état des finances de l’université.

Voilà pourquoi les membres du Conseil de l’ACPPU ont adopté ces deux résolutions, et voilà pourquoi ils se prononcent sur le rôle critique de la gouvernance collégiale dans notre secteur d’activités.

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