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Le mot de la présidente / Sortir du silence

Le mot de la présidente / Sortir du silence

Par Brenda Austin-Smith

La première vague de la pandémie tire à sa fin au moment où je tape la présente chronique. Ces derniers mois, en observant le paysage de l’éducation postsecondaire en grande partie virtuel à la fin des cours et au début de la période des examens, j’ai pu constater le déploiement des efforts incroyables des membres de l’ACPPU pour assurer un enseignement public de qualité au milieu de la catastrophe mondiale en cours. Nous sommes tous désormais en mesure d’énumérer une foule de termes et d’énoncés que nous sommes fatigués d’entendre de la part des administrations pour décrire notre empressement collectif à composer avec la COVID. Il a fallu nous réorienter, nous remettre en route; remanier nos cours et en téléverser le contenu; peser le pour et le contre des modes d’enseignement synchrone et asynchrone. Au moyen d’une variété de studios de fortune aménagés à domicile partout au pays, de caméras et d’ordinateurs portables dressés sur une pile de livres, des boîtes et des comptoirs, nous sommes tous devenus des diffuseurs.

Mais pour moi, les propos les plus irritants entendus au cours du dernier trimestre restent « Nous sommes tous dans le même bateau ». Parce que ce n’est pas le cas. Le virus est peut-être mondial, mais ses effets sont systématiquement inégaux dans notre secteur, comme dans beaucoup d’autres. Les membres du personnel académique contractuel des universités et des collèges ont particulièrement souffert de la nécessité de réoutiller d’urgence le système d’enseignement postsecondaire qui s’est imposée tout l’été et jusqu’au trimestre d’automne. De nombreux membres de l’ACPPU ont fait des heures supplémentaires non rémunérées pour s’occuper d’enfants ne fréquentant pas l’école et n’ayant pas accès à des services de garde. Pourtant, bien des universitaires à temps partiel l’ont fait en plus de travailler sans relâche pendant l’été parce que leurs contrats avaient pris fin des semaines auparavant. Et comme le montrent les recherches de l’ACPPU sur la composition du personnel enseignant universitaire, les membres de ce précariat sont plus susceptibles d’être des femmes, des personnes racialisées et des Autochtones.

Alors même que ces collègues travaillaient le soir et la fin de semaine à la conception des leçons et des devoirs et, plus tard, à l’enseignement, au mentorat et à la notation, les administrations ont commencé à équilibrer sur leur dos les compressions et les ajustements budgétaires occasionnés par la COVID. Une enquête publique de l’ACPPU sur les premiers effets de la pandémie a révélé que, alors qu’un tiers du personnel académique travaillait dix heures ou plus par semaine, un employé à temps partiel sur dix avait réduit ses heures de travail ou avait complètement perdu son emploi, ainsi que les avantages qui l’accompagnaient. Lors d’une discussion en ligne organisée par l’ACPPU à la mi-novembre, les présidents des associations ont exprimé leur frustration face au refus des administrations d’indemniser les universitaires contractuels pour ce travail supplémentaire ou de faire droit aux demandes d’aide et de financement pour la garde d’enfants et les soins aux personnes dépendantes. Certains établissements ont également rejeté les demandes de remboursement des frais d’éléments d’enseignement essentiels tels qu’une chaise décente, un casque d’écoute et un accès Internet amélioré pour les universitaires à temps partiel.

Les dirigeants des associations ont cependant partagé plus que leur colère lors de cette réunion. Ils ont également échangé leurs points de vue et leurs stratégies d’action sur ces questions. Certains, par exemple, ont eu recours à des griefs de groupes et d’associations pour s’engager dans un processus mobilisateur, même en ce moment virtuel. La négociation peut également prendre des formes créatives en ligne, et l’action politique est possible, même en temps de pandémie. Au sein de ma propre association, les concerts de klaxons continus et les actions des médias sociaux coordonnées avec d’autres syndicats provinciaux nous ont permis de nombreuses façons d’émettre nos objections et de faire du bruit alors que nous entrions dans un cycle de négociation difficile.

Nous aurons tous beaucoup plus d’occasions, j'en suis sûre, de continuer à nous faire entendre haut et fort en 2021. Face au discours d’austérité qui émergera inévitablement, les liens profonds que nous avons avec d’autres groupes de travailleurs, avec nos étudiants et nos communautés formeront la base d’un plus grand nombre d’actions collectives d’opposition. Pendant la pause hivernale et compte tenu de la tâche considérable qui reste devant nous, je tiens à remercier les membres, les associations membres, les associations provinciales affiliées, les membres associés et le personnel de l’ACPPU pour leur engagement dans cet effort. Espérons que nous trouverons tous le temps de nous reposer avant de reprendre nos activités. Faites attention à vous!

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