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Entretien / Elizabeth MacDougall-Shackleton

Entretien / Elizabeth MacDougall-Shackleton

Elizabeth MacDougall-Shackleton est professeure de biologie à l’Université Western Ontario (UWO) et présidente de l'association académique de l'Université Western Ontario (UWOFA). L’association et ses membres s’opposent à la conclusion d’un partenariat avec Navitas, organisation à but lucratif qui fournit des services d’éducation pour les étudiants internationaux.

Quand l’UWO a-t-elle annoncé envisager un partenariat avec Navitas?

C’est quelque peu nébuleux, mais j’ai entendu parler de Navitas pour la première fois en janvier dernier, alors que j’étais vice-présidente du syndicat. Le président et moi avions été invités à rencontrer la direction de Navitas et à garder cette rencontre confidentielle, ce que nous n’avons pas fait. Nous en avons parlé à notre comité exécutif et un professeur préoccupé par la question l’a rapidement soumise au sénat, prenant l’administration par surprise.

Pourquoi vous opposez-vous à Navitas?

L’organisation établirait un collège à but lucratif sur notre campus. Les personnes qu’elle embaucherait ne seraient pas membres de l’UWOFA et ne bénéficieraient donc pas des protections que la convention collective garantit à nos membres, dont le droit à la liberté académique et la sécurité d’emploi qu’ont les membres du personnel académique contractuel ici. Navitas admettrait des étudiants qui ne répondent pas à nos critères d’admission. Nous craignons aussi que ces enseignants soient fortement incités à abaisser leurs normes académiques.

Quelles en seraient les conséquences?

L’instauration d’une situation où la capacité de payer des frais internationaux exorbitants de certains étudiants leur conférerait des privilèges d’admission est inéquitable pour les autres étudiants. De plus, l’intégration des étudiants Navitas dans les programmes du campus principal ne rendrait pas service aux cohortes de deuxième et de troisième année, ni d’ailleurs aux étudiants internationaux. Ce mode de recrutement d’étudiants ne nous paraît pas éthique.

Un partenariat avec Navitas présente-t-il certains avantages?

Certains atouts liés à l’augmentation du nombre d’étudiants étrangers sont évoqués, notamment sur le plan financier et de l’élargissement du caractère cosmopolite du campus. L’UWOFA ne s’oppose pas à une augmentation du nombre d’étudiants étrangers, mais elle préférerait que l’administration explore d’autres modèles permettant de recruter des étudiants internationaux de manière éthique, à savoir des étudiants répondant aux critères d’admission et aux normes académiques et qui sont formés par les membres de notre personnel enseignant selon nos propres normes. L’un des éléments qu’apprécie l’administration dans l’offre de Navitas, et elle a n’a pas tort, c’est que celle-ci promet de diversifier les pays d’origine des étudiants.

Comment l’UWOFA se mobilise-t-elle sur cet enjeu?

Nous avons envoyé de nombreux messages à nos membres expliquant les implications d’une entente avec Navitas et les raisons pour lesquelles nous nous y opposons. Le sénat de notre université a adopté une résolution selon laquelle le volet académique d’une éventuelle entente doit recevoir son approbation, ce qui confère un certain degré de supervision collégiale. À l’heure actuelle, l’administration de l’université fait apparemment preuve de diligence raisonnable, aucun contrat définitif n’ayant encore été signé avec Navitas. Entre-temps, nous avons intensifié nos efforts pour la mise sur pied d’initiatives émanant des membres : aux conseils de faculté, les membres déposeront une motion selon laquelle les membres du conseil de faculté s’opposent à l’externalisation de l’éducation des étudiants étrangers auprès de Navitas ou de tout autre fournisseur de services d’éducation privé. Nos efforts ont porté leurs fruits, quatre résolutions ayant été adoptées et rejetant massivement la possibilité d’une entente.

Quelle est la force de ces moyens de pression?

Les universités n’ont pas un fonctionnement démocratique; la décision relativement à Navitas ne relève donc pas vraiment du personnel académique, mais si l’administration en arrivait à conclure une entente, elle le ferait à l’encontre de la volonté expresse de la plupart des membres du corps professoral. Nous avons exprimé fermement notre position, ce qui est un bon exercice d’auto-gouvernance collégiale. J’ose croire que nous allons convaincre l’administration et que le sénat n’aura finalement pas à voter sur la question.

Pourquoi l’UWO voudrait-elle recourir à l’externalisation auprès d’organisations à but lucratif?

L’érosion du soutien financier public pèse lourd dans la balance pour les établissements postsecondaires. La question sera vraisemblablement soumise au sénat cette année, mais nous déployons tous les efforts possibles pour qu’elle soit évacuée avant même d’en arriver là, en exprimant nos opinions et en informant le personnel enseignant et les étudiants. En tant que syndicat de personnel académique, nous nous portons à la défense d’une éducation postsecondaire solide et financée par les fonds publics.

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