Back to top

Entretien / Brenda Austin-Smith

Entretien / Brenda Austin-Smith

Brenda Austin-Smith est professeure en études cinématographiques et est à la tête du département d’anglais, théâtre, cinéma et médias de l’Université du Manitoba. Elle a siégé au comité exécutif du sénat et au sénat de l’Université et, de 2003 à 2018, a exercé diverses fonctions au sein de l’association des professeures et professeurs de l’Université du Manitoba (UMFA), dont deux mandats à titre de présidente. En 2014, elle a été élue comme représentante ordinaire au comité de direction de l’ACPPU et, de 2016 à 2019, y a exercé les fonctions de vice-présidente. En mai, les délégués à l’assemblée du Conseil de l’ACPPU l’ont élue présidente.

Avant de siéger au sein de l’UMFA et de l’ACPPU, vous vous disiez « sceptique » à l’endroit du syndicalisme universitaire. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis?

En tant qu’assistante à l’enseignement dans un département d’anglais, je n’étais pas du tout convaincue de la nécessité d’être syndiquée. Ma perspective a changé quand j’ai pris connaissance de la situation de collègues, dont un grand nombre d’étudiants internationaux craignant d’être déportés s’ils se plaignaient de leurs conditions de travail ou demandaient de meilleurs salaires. Leur histoire, parmi d’autres, m’a décidée à participer à la campagne de syndicalisation sur le campus en frappant aux portes, visitant les laboratoires et invitant les autres étudiants à signer une carte d’adhésion syndicale. Les conver­sations que j’ai eues avec des membres de l’unité de négociation ont été très formatrices. Les échanges avec d’autres personnes dotées des mêmes conditions de travail que moi m’ont appris une grande leçon : le pouvoir du contact individuel avec les membres du syndicat.

Alors que vous vous engagiez de plus en plus au sein de votre syndicat, vous avez également siégé au sénat de l’Université. Pourquoi?

Les principes de la liberté académique et de la gouvernance collégiale, de même que la nécessité de protéger le rôle fondamental que jouent les universités dans la société me tenaient grandement à cœur. La participation de membres du corps enseignant au sein du sénat est importante pour protéger ces idéaux, faire entendre sa voix en tant que partie prenante sur le campus, et exprimer haut et fort des opinions et points de vue qui risqueraient normalement d’être tus. J’essaie toujours de présenter les enjeux de manière imagée, afin d’aider mes interlocuteurs à visualiser les arguments que je soulève. Lors d’une réunion du sénat, j’ai accusé l’administration de vouloir monter les facultés les unes contre les autres à la manière Hunger Games; j’en entends encore parler sur le campus!

Selon vous, quelles sont les mesures à prendre pour soutenir la syndicalisation?

La capacité de communiquer et de créer des liens avec nos membres est encore plus importante aujourd’hui. C’est le cœur du modèle de syndicalisation que l’ACPPU a adopté il y a quelques années et qui est essentiel pour répondre aux défis auxquels nous faisons actuellement face : l’interminable austérité, l’anti-intellectualisme et les assauts portés à la liberté d’expression extra-muros et intra-muros. Il faut aussi établir le lien entre la quête de profits qui conduit à soutirer du travail de nos collègues à statut précaire chaque infime parcelle de valeur et l’épuisement des ressources motivé par la recherche de profits qui rend la vie sur la Terre tout aussi précaire.

En tant que présidente de l’ACPPU, quels sont vos objectifs pour cette année?

Le renforcement des droits du personnel académique en milieu de travail, outre leur protection, doit être l’assise du travail de l’ACPPU. Il nous faut réfléchir plus stratégiquement à la façon dont nous pouvons accroître la disponibilité et l’utilité des services aux membres — y compris le soutien à la négociation et les programmes de formation — pour tous les membres, mais surtout pour les membres du personnel académique contractuel dont les besoins sont les plus urgents en raison de leurs conditions d’emploi. La meilleure façon d’y arriver et de renforcer ces droits est d’avoir recours à un modèle de mobilisation qui rallie les efforts de tous les membres de l’ACPPU. Comme en témoigne un récent rapport de l’ACPPU, Éducation postsecondaire : qu’en est-il de la diversité et de l’équité au sein du corps enseignant, nous devons aussi continuer collectivement de mettre l’accent sur les jonctions entre précarité et équité.

Il y a un néolibéralisme croissant au sein des établissements postsecondaires au Canada. Comment cela se déploie-t-il et que faut-il faire pour le contrer?

Parmi ses priorités, l’ACPPU doit continuer de dénoncer la corporatisation de l’éducation postsecondaire et d’y résister. Bon nombre des difficultés auxquelles nous sommes confrontés — l’obligation de me-surer, les assauts portés à la gouvernance collégiale, l’influence accrue de donateurs privés — découlent de l’écart croissant entre le financement public et les coûts réels de l’éducation postsecondaire de grande qua-lité et des forces qui tentent de remanier et restructurer nos établissements pour les mettre non plus au service d’intérêts publics, mais bien au service d’intérêts commerciaux. L’intrusion à la fois des entre-prises et du gouvernement dans la sphère postsecondaire menace de plus en plus la liberté académique. L’ACPPU doit se porter à la défense de cet élément essentiel du travail académique avec une vigilance de tous les instants.

En relation

/sites/default/files/styles/responsive_low_constrict/public/ad0w9816_crop_3.jpg?itok=4QneWoC5
juin 2019

Points forts du Conseil de l'ACPPU

Lisez le rapport du Conseil de l'ACPPU – Mai 2019 Lire la suite
/sites/default/files/styles/responsive_low_constrict/public/v.catano.png?itok=Ki7WLGQ7
juin 2019

Avis de décès / Victor Catano 1944-2019

L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université tient à exprimer ses plus... Lire la suite
/sites/default/files/styles/responsive_low_constrict/public/prez.j.compton.png?itok=wGjn3Ls9
juin 2019

Le mot du président / Leadership et gouvernance collégiale

Par James Compton Une vague d’anti-intellectualisme déferlerait-elle sur les universités?... Lire la suite