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Entretien / David Naylor

Entretien / David Naylor

Le rapport final du Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science fondamentale a été rendu public en avril 2017. Quelques semaines plus tard, le président du Comité, David Naylor, ancien doyen de la faculté de médecine et recteur émérite de l’Université de Toronto, s’est adressé aux délégués présents à la 82e assemblée du Conseil de l’ACPPU et a répondu au pied levé à des questions sur l’examen et le rapport du Comité.

« Pour que les recommandations formulées dans ce rapport trouvent un quelconque écho auprès du gouvernement fédéral, il sera essentiel que l’ACPPU s’engage à fond et, plus particulièrement, que nos collègues enseignant dans tout le pays se mobilisent pour revendiquer leur application », a déclaré d’entrée de jeu le conférencier.

Des recommandations, il y en a : augmenter de 1,3 milliard de dollars le financement public de base de la recherche non ciblée et répartir de façon plus équilibrée le financement entre les trois conseils subventionnaires; créer un Conseil consultatif national sur la recherche et l’innovation chargé d’exercer une supervision générale des programmes de recherche fédéraux, et d’élaborer et d’harmoniser les stratégies de financement des trois conseils subventionnaires; mieux soutenir les chercheurs autochtones et améliorer l’équité et la diversité dans les programmes de recherche fédéraux, notamment « imposer des objectifs et des quotas d’équité fermes lorsque des disparités inacceptables persistent ».

Si l’appel véhément du Comité pour un financement accru est entendu, un mécanisme de financement adéquat de la recherche sera mis en place et le déséquilibre apparu ces dernières années entre la recherche menée à l’initiative de chercheurs et la recherche axée sur les priorités, ainsi qu’entre les disciplines, pourra être redressé.

« Nous avons souligné à maintes reprises que le gouvernement ne peut sous-financer la recherche de base et indépendante et s’attendre à des progrès importants en matière d’innovation, ni qu’il ne peut court-circuiter les liens entre la recherche et l’innovation. Ces deux approches ont manifestement été privilégiées ces dernières années au pays… et elles sont toutes deux fort malavisées », a fait remarquer David Naylor.

Le Comité, formé en juin 2016, s’était vu attribuer un vaste mandat consistant à examiner le système fédéral de financement de la recherche menée par des chercheurs ou des universitaires hors des ministères et des organismes du gouvernement. Il devait aussi se pencher sur l’éventail complet de disciplines faisant l’objet de recherches ou d’études évaluées par des pairs, qu’elles soient fondamentales ou appliquées, ainsi que sur les programmes de soutien à la génération de connaissances, par opposition à ceux qui visent principalement à soutenir les partenariats avec l’industrie ou la société civile ou à favoriser les transferts de savoirs, l’innovation et la commercialisation.

Le Comité a principalement axé ses efforts sur les quatre principaux organismes qui subventionnent l’écosystème de recherche extra-muros au Canada : les trois conseils subventionnaires — le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, les Instituts de recherche en santé du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines — ainsi que l’organisme fédéral de financement de l’infrastructure, la Fondation canadienne pour l’innovation.

Le Comité devait répondre dans son rapport aux questions précises posées par la ministre des Sciences, Kirsty Duncan. M. Naylor a louangé la Ministre pour son courage politique. « La plupart du temps, les gouvernements qui investissent dans la recherche indépendante n’en tirent pas de bénéfices immédiats. Le cycle électoral est tellement court et les médias sociaux sont très critiques. Aujourd’hui, la politique est un sport extrême ».

Il a affirmé néanmoins que « le Canada ne peut prospérer dans l’environnement mondial actuel sans investir à long terme dans des projets de recherche de longue haleine. C’est simple, rien n’est plus important que des recherches rigoureuses qui peuvent nous amener à mieux comprendre le monde naturel et social dans lequel nous vivons. Il est souvent impossible de prévoir les conséquences sociales, économiques ou commerciales, de sorte que le financement de la recherche ne peut être lié à ces facteurs. Tel était notre message principal. »

Interrogé quant à la possibilité d'une élection à la Trump au Canada, il a fait état de la recommandation du Comité selon laquelle « la nomination imminente d’un nouveau Conseiller scientifique en chef (CSEC) du Canada constitue un grand pas en avant, mais il y a encore beaucoup à faire ». Aussi « le gouvernement du Canada devrait créer, par une loi du Parlement, un Conseil consultatif national sur la recherche et l’innovation (CCNRI) chargé d’exercer une supervision générale des écosystèmes fédéraux de recherche et d’innovation ».

Si l’élection d’un Trump canadien lui semble peu envisageable, M. Naylor a convenu que « cela ne signifie pas qu’un autre gouvernement ne pourrait pas avoir un point de vue différent. C’est pourquoi nous recommandons de légiférer, pour qu’il soit plus difficile de revenir en arrière ».

Si le Comité a lancé un appel clair à la stabilité et à l’indépendance institutionnelle, son président a réitéré la nécessité de faire preuve de vigilance et de poursuivre la mobilisation pour que les recommandations se concrétisent.

« L’ACPPU ne doit pas être la seule à se faire entendre. Tous les établissements doivent prendre position solidairement et faire en sorte de rallier plusieurs parties prenantes à votre initiative. Il est crucial que nos gestes soient perçus comme venant de la base », a-t-il conclu.

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