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Deux ans après la faillite de la Laurentienne, d’anciens membres du personnel en payent encore le prix

(Ottawa – 1er février 2023) L’Université Laurentienne s’est placée sous la protection des tribunaux pour insolvabilité en vertu de la Loi sur l’arrangement avec les créanciers des compagnies (LACC) le 1er février 2021. Deux ans plus tard – après des pertes d’emploi, des coupures de programmes et une chute spectaculaire des embauches – des personnes parmi les plus touchées parlent du prix personnel à payer pour un processus de faillite d’entreprise.

Valérie Raymond, ancienne professeure au département d’études françaises, a été avisée qu’elle perdait son emploi permanent à temps plein quelques jours avant de donner naissance à son premier enfant.

« Le stress, l’anxiété et la peur que cette perte d’emploi a causés à cette étape de ma grossesse sont indescriptibles, a-t-elle déclaré. Le processus de la LACC que l’Université a utilisé a anéanti la sécurité financière de ma famille lorsque j’ai non seulement perdu mon congé de maternité, mais également l’indemnité de départ appropriée qui m’était due. »  

Née à Sudbury où elle a grandi, Valérie Raymond est de retour à la Laurentienne à titre d’employée contractuelle. « J’ai trouvé très difficile de revenir dans le même établissement qui a détruit ma carrière et m’a refusé mon congé de maternité rémunéré et approuvé, affirme-t-elle. Je suis revenue parce que j’éprouve toujours une passion pour l’enseignement et que ce programme en français est immensément important pour notre collectivité. J’enseigne les mêmes cours qu’avant, mais à un salaire nettement inférieur, sans les avantages médicaux pour moi ou ma famille et, bien sûr, sans aucune sécurité d’emploi. » 

« Des gens à toutes les étapes de leur carrière ont payé le prix fort pour les choix impitoyables faits par l’ancien leadership de la Laurentienne, a déclaré Fabrice Colin, président de l’Association des professeur(e)s de l’Université Laurentienne. Les effets sont ressentis au-delà des personnes dans toute la communauté et dans l’économie locale ici à Sudbury et dans le nord de l’Ontario. Et même si le gouvernement fédéral nous avait promis du changement, nous attendons toujours de voir bouger les choses. La LACC doit être changée avant que cela n’arrive à une autre collectivité. » 

Plutôt que de perdre directement son emploi, un ancien président du département de biologie, Frank Mallory a subi des pressions pour partir à la retraite. 

Pour le bien de ses étudiants et de ses enfants, il a accepté. « À ce moment-là, je supervisais les travaux de sept étudiants diplômés. Je continue de travailler sans rémunération pour que les deux étudiants qu’il reste puissent terminer leurs études, a-t-il affirmé. J’avais quatre jeunes enfants, et j’avais besoin des avantages sociaux promis si je partais à la retraite, même si je devais alors dire adieu à mon salaire, mon assurance vie, mon congé sabbatique et à l’exemption des frais de scolarité pour mes enfants. »

En réponse à la situation à l’Université Laurentienne, le gouvernement libéral a promis de soustraire les établissements publics d’enseignement postsecondaire à la LACC. Deux ans plus tard, aucun changement n’a encore été apporté.

Au début de décembre, le député du NPD Charlie Angus a présenté un projet de loi privé (C-309) à la Chambre des communes visant à soustraire tous les établissements publics à la LACC. Plus tôt, la sénatrice Lucie Moncion a présenté un projet de loi au Sénat (S-215) qui exclurait les établissements publics d’enseignement postsecondaires de la LACC. L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) a exhorté le gouvernement à prendre un engagement similaire dans son budget 2023.

« La LACC est un outil d’entreprise qui n’a jamais été conçu pour des établissements publics comme l’Université Laurentienne, a déclaré David Robinson, directeur général de l’ACPPU. Nous savons maintenant que l’administration de l’université avait d’autres options, notamment accepter de l’aide du gouvernement, et qu’elle a plutôt choisi de laisser son personnel et ses étudiants payer le prix d’une mauvaise gestion financière éhontée. »