Les participants à une séance virtuelle de discussion de l’ACPPU tenue le 26 février se sont penchés sur le rôle de la pandémie dans les pressions croissantes que subissent les universités canadiennes francophones.
Yves Frenette, professeur à l’Université de Saint-Boniface et Chaire de recherche du Canada sur les migrations, les circulations et les communautés francophones, faisait remarquer que même avant que la pandémie ne frappe, les établissements francophones canadiens luttaient déjà contre des attaques sur de multiples fronts.
Il précise que les francophonies canadiennes hors Québec sont desservies par 15 établissements universitaires, dont cinq seulement sont indépendants et entièrement francophones. La pandémie a exacerbé les problèmes courants : les attaques croissantes contre les missions des universités et leur autonomie, en même temps que le manque de transparence des administrateurs, auxquels s’ajoutent l’indifférence et l’hostilité croissante.
Les conséquences du sous-financement et l’absence de gouvernance collégiale trouvent leur illustration dans la récente déclaration d’insolvabilité de l’Université Laurentienne.
Il est devenu de plus en plus difficile, au fil des ans, de terminer des programmes en français dans certains domaines, notamment en sciences, disait M. Jean-Charles Cachon, professeur à la Faculté de gestion de l’Université Laurentienne et trésorier de l’Association des professeures et professeurs de l’Université Laurentienne. Il ajoute : Nous nous retrouvons dans la situation actuelle, où on annonce la suspension de 17 programmes, dont neuf étaient en français.
Les intervenants ont fait état d’autres actions qui minent l’enseignement postsecondaire en français pour les collectivités linguistiques minoritaires en divers lieux du Canada, allant de l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, à Edmonton, siège du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.
En Alberta, on invoque l’argument économique – qu’on nous sert également dans l’ensemble du pays. Et nous savons que les minorités de langues officielles, particulièrement la communauté francophone, font souvent les frais des programmes d’austérité économique, estimait Stéphanie Chouinard, professeure adjointe en sciences politiques du Collège militaire royal du Canada.