L’ACPPU a joint ses forces à celles de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCEE), du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) et du Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public (SNEGSP) afin de lancer la campagne L’éducation pour toutes et tous. Représentant au total plus d’un million d’étudiants et de travailleurs, cette coalition défend la vision d’un système public d’éducation postsecondaire de grande qualité, plus abordable et plus accessible. Le 21 janvier, des personnes représentant chaque organisation ont discuté de problèmes qui couvent depuis longtemps dans le système d’éducation postsecondaire et sur lesquels la pandémie a braqué les projecteurs.
Brenda Austin-Smith, présidente de l’ACPPU, a mis l’accent sur deux messages : le système est sous-financé et le secteur de l’éducation postsecondaire doit être vigoureux pour contribuer significativement au rétablissement de l’après-pandémie. Elle a affirmé : « La COVID a mis en évidence les faiblesses d’un système national d’éducation postsecondaire qui est déjà sous-financé. Nombre de gens ne se rendent pas compte que moins de 50 pour cent du financement du système au Canada est de source publique, et que ce sont à présent les étudiants et leurs familles qui supportent la majeure partie des frais de scolarité grandissants dans les collèges et les universités. Les collèges et les universités sont des lieux où le savoir, l’innovation et le talent se cultivent et se développent. C’est là que les chercheurs trouvent des solutions innovantes à des problèmes comme la COVID et le changement climatique ainsi qu’à d’autres menaces qui pèsent sur notre façon de vivre, de travailler, d’enseigner et d’apprendre. La solidité de ce secteur est essentielle pour nous assurer à toutes et à tous un avenir à toute épreuve ».
Karen Ranalletta est la présidente de la section locale 2950 du Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente plus de 1 500 employées et employés de bureau, de bibliothèque et de théâtre de l’Université de la Colombie-Britannique. Elle a mis l’accent sur la communauté des travailleuses et des travailleurs qui œuvrent ensemble sur les campus afin de contribuer à créer un environnement d’excellence. Elle a affirmé : « Le Syndicat canadien de la fonction publique représente plus de 70 000 employées et employés du secteur, notamment le personnel académique, les assistants et assistantes à l’enseignement et le personnel de soutien comme les responsables du fonctionnement des immeubles et le personnel de bureau dans les bibliothèques, les services de restauration et les services de technologies de l’information. Ces travailleuses et travailleurs de première ligne qui œuvrent en coulisses sont incroyablement importants pour la réussite des étudiantes et des étudiants et, en fait, celle de notre système public d’éducation. La COVID-19 a démontré l’importance de chaque rôle dans nos lieux de travail ».
Alannah McKay, trésorière nationale et représentante de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, a décrit les conséquences de la pandémie sur l’expérience d’apprentissage des étudiantes et des étudiants, avec le passage à l’apprentissage en ligne qui a mis en exergue des problèmes d’accessibilité et une crise de santé mentale qui prend de l’ampleur au sein du corps étudiant. Elle a affirmé : « Pour se rétablir de cette pandémie, il faut aussi réinventer l’expérience des étudiantes et des étudiants et instaurer une culture de la prévenance à l’intérieur et à l’extérieur des campus, en veillant non seulement sur le bien-être physique, mental et spirituel des membres du corps étudiant mais aussi sur leur apprentissage ». Elle a ajouté que l’impossibilité d’accéder à Internet est un sérieux obstacle pour les étudiantes et étudiants des régions rurales et du Nord ainsi que pour les personnes ayant de faibles revenus. « Cela ouvre un plus vaste débat à propos du véritable sens de l’accès à l’éducation et de la nécessité de lever les obstacles auxquels se heurtent les étudiantes et étudiants noirs, autochtones et de couleur. Il faut faire en sorte que le système d’éducation postsecondaire offre à ces personnes un environnement accueillant et soit un lieu qui donne envie aux étudiants racialisés de rester et d’apprendre ».
France Filion a axé ses observations sur l’importance de la continuité des investissements dans la recherche fondamentale et de la stabilisation de la main-d’œuvre scientifique. Elle s’est exprimée au nom de l’AFPC-Québec, qui représente les employées et employés dans le domaine de la recherche. Elle a affirmé : « C’est à long terme que l’on peut voir l’utilité des investissements dans la science fondamentale. Sans elle, pas de recherche appliquée. L’intelligence artificielle, les produits pharmaceutiques et d’autres innovations reposent sur la recherche fondamentale ». Elle a formulé un certain nombre de recommandations, notamment une hausse des investissements dans la science fondamentale et une amélioration des données sur le personnel de recherche.
Larry Brown, président du Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public, a disséqué le grave problème grandissant de la précarité dans le système d’éducation postsecondaire. Selon lui, la crise de la COVID n’est pas qu’un problème sanitaire, mais aussi social. Il a affirmé : « La COVID a véritablement mis au jour l’immense problème que nous avons dans les universités et les collèges en ce qui concerne le recours à l’emploi précaire des enseignantes et des enseignants. C’est dur de maintenir l’excellence et la continuité dans l’éducation quand il y a un ballet incessant d’enseignants. C’est dur pour ces personnes de gagner un salaire raisonnable et ce précariat est devenu une main-d’œuvre jetable qui est invisible et qui n’apparaît sur aucune liste de demandeurs d’emploi quand leur contrat temporaire n’est pas renouvelé ». Larry Brown a également décrit les changements démographiques résultant du départ à la retraite massif des baby-boomers vieillissants, qui laisse vacants d’innombrables emplois nécessitant des remplaçants jeunes et qualifiés. « Le Canada a besoin d’un système d’éducation postsecondaire abordable et de grande qualité, animé et conçu par des professionnels dûment formés, et reposant d’abord et avant tout sur la gratuité des frais de scolarité. Il s’agit d’un impératif social. »
Les membres du public ont demandé ce que le corps étudiant pouvait faire pour soutenir au mieux les travailleuses et les travailleurs, et réciproquement. « La première chose à faire est de vérifier si une coalition existe déjà sur votre campus » a répondu Brenda Austin-Smith. « Si ce n’est pas le cas, créez-en une. Il n’est jamais trop tard pour commencer à militer. »