(Ottawa — 15 octobre 2020) L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) exprime sa vive inquiétude au sujet de l’enquête de l’Université de Toronto sur la controverse suscitée par un recrutement de la Faculté de droit.
Au terme d’une recherche concurrentielle visant à pourvoir le poste de directeur du programme de droit international en matière de droits de la personne, un comité de recrutement a recommandé à l’unanimité Valentina Azarova. Celle-ci soutient que le poste lui a été offert le 11 août et qu’elle l’a accepté le 19 août. Au début de septembre, cependant, un juge siégeant à la Cour canadienne de l’impôt a fait part de sa préoccupation au sujet de la nomination de Mme Azarova, qui s’est ensuite vu retirer l’offre d’emploi. Le juge est également un donateur important de l’Université.
« D’après ce que l’on sait à présent, la décision d’annuler la nomination de Mme Azarova paraît politique. Si tel est le cas, cela constitue un grave manquement aux principes largement reconnus de la liberté académique », souligne le directeur général de l’ACPPU, David Robinson.
Le 14 octobre, en réponse à la controverse suscitée, l’Université a annoncé l’ouverture d’une « enquête impartiale » confiée à Bonnie Patterson, ancienne rectrice de l’Université Trent et présidente du Conseil des universités de l’Ontario.
M. Robinson estime que la portée et le mandat de l’enquête présentent des failles importantes qui nuisent à sa crédibilité.
« Étant donné la gravité de l’affaire, il faut un examen indépendant, ajoute-t-il. Au lieu de quoi, nous avons un examen très imparfait où l’enquêtrice se rapporte à la vice-rectrice aux Ressources humaines, à qui elle rendra compte de ses conclusions et qui a déjà défendu publiquement la décision du doyen de ne finalement pas embaucher Mme Azarova. »
M. Robinson ajoute que le mandat ne comprend pas d’évaluation d’aspects importants de l’affaire.
« A-t-on offert un poste à Mme Azarova, comme elle et le comité de recrutement l’assurent, ou ne lui en a-t-on pas offert, comme le doyen l’affirme? Quelle était en substance l’intervention du juge et quelle a été la réponse du doyen? Ces questions sont au cœur de l’affaire, mais elles sont absentes de la déclaration de l’Université sur son enquête. »
M. Robinson souligne aussi que l’annonce de l’Université montre qu’elle cherchait à pourvoir « un poste non enseignant au sein de la Faculté de droit ».
« En présentant ainsi les faits, l’Université semble essayer d’éviter de se demander s’il a été porté atteinte à la liberté académique, déclare-t-il. Ce serait préoccupant pour tous les administrateurs académiques de l’Université de Toronto, qui devraient jouir d’une liberté académique dans leurs tâches académiques. »
Le Comité de direction de l’ACPPU examinera l’affaire aujourd’hui et envisagera d’autres mesures, y compris des sanctions contre l’Université de Toronto.
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