(Ottawa – 16 novembre 2017) L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) demande aux collèges de l’Ontario de retourner à la table de négociation avec les professeurs en vue de conclure une convention collective.
Quatre-vingt-six pour cent des professeurs en grève appelés à voter cette semaine ont rejeté l’offre de l’employeur.
« La liberté académique ‒ sa reconnaissance et sa protection ‒ est l’un des derniers enjeux clés qui ont poussé les grévistes à se prononcer contre l’offre. Le Conseil des employeurs des collèges doit bouger sur ce point pour aboutir à une entente équitable », a indiqué le directeur général de l’ACPPU, David Robinson.
« La liberté académique dans l’enseignement est un droit professionnel généralement reconnu aux enseignants. Grâce à ce droit, ils ont toute la latitude pour décider des méthodes et des pratiques d’enseignement qui sont les plus appropriées, explique-t-il. Dans les collèges, les professeurs sont les mieux placés pour prendre des décisions de cette nature, car ils connaissent leurs étudiants, leur matière et les facteurs qui, d’après leur expérience, stimulent les étudiants et les motivent à apprendre. »
Selon David Robinson, il est particulièrement important aujourd’hui que les professeurs du collégial jouissent d’une pleine liberté académique, car les collèges et les universités en Ontario multiplient les partenariats. Programmes collaboratifs, ententes d’articulation et projets de recherche conjoints font de plus en plus partie du vocabulaire courant de ces établissements.
« Cependant, contrairement à leurs collègues universitaires, les professeurs dans les collèges sont privés des droits fondamentaux associés à la liberté académique, affirme David Robinson. Ces professeurs – et leurs travaux de recherche— sont ainsi vulnérables aux pressions et à la censure, ce qui peut constituer un frein aux collaborations futures. »
Selon M. Robinson, les professeurs et les chercheurs doivent bénéficier de la liberté académique pour offrir une éducation de qualité et mener leurs travaux de recherches.
« Enseigner au collège ou à l’université, ce n’est pas seulement transmettre de l’information ou communiquer des conclusions toutes faites. C’est aussi amener les étudiants à raisonner par eux-mêmes et à développer un esprit critique et la capacité de réfléchir intelligemment dans tous les aspects de leur vie. Pour pouvoir s’acquitter de cette mission, les professeurs du collégial doivent être libres d’exercer leur jugement professionnel à l’égard de leur enseignement et être des modèles de pensée critique dans leur classe », poursuit David Robinson.
À la proposition du Conseil des employeurs des collèges d’élaborer des politiques institutionnelles sur la liberté académique, il répond que le seul moyen de faire vraiment respecter la liberté académique est de l’inclure dans une convention collective.
« Si la liberté académique est un droit inscrit dans un contrat de travail, les professeurs peuvent se prévaloir du processus de règlement des griefs et d’arbitrage pour résoudre les différends. Les politiques institutionnelles ne comportent tout simplement pas les mêmes mécanismes d’application, et l’administration peut décider unilatéralement et en tout temps de les modifier », soutient-il.
« Les administrations des collèges de l’Ontario auraient intérêt à reconnaître qu’en respectant la liberté académique et en laissant les professionnels jouer un rôle important dans la prise de décisions académiques, on améliore la qualité de l’éducation dispensée aux étudiants. Nous savons tous que les collèges et les universités les plus reconnus au Canada sont ceux qui considèrent la liberté académique des professeurs comme une valeur fondamentale », conclut David Robinson.
L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université est le porte-parole national de 70 000 membres du personnel académique en poste dans plus de 120 universités et collèges au Canada.
-30 –