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Enquête Enbridge : l’Université de Calgary était « clairement » en situation de conflit d’intérêts et a violé la liberté académique

(Ottawa – 11 octobre 2017) La rectrice de l’Université de Calgary, Elizabeth Cannon, était clairement en situation de conflit d’intérêts, puisqu’elle cumulait simultanément sa charge à l’Université et la fonction « généreusement rémunérée » de membre du conseil d’administration d’Enbridge et elle devrait reconnaître publiquement ses torts et s’excuser, a conclu une enquête sur la relation entre l’Université de Calgary et le géant pétrolier et gazier Enbridge.

Dans leur rapport, les membres du comité d’enquête nommés par l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) font aussi état d’« une culture du silence et de représailles profondément inquiétante » à l’Université. Ils jugent que les gestes de la rectrice et d’autres cadres supérieurs ont porté atteinte à la réputation de l’Université ainsi qu’à la liberté académique du professeur Joe Arvai.

L’enquête a porté sur les événements qui se sont produits pendant et après que l’Université ait obtenu de la société Enbridge qu’elle parraine la mise sur pied de l’institut de recherche Enbridge Centre for Corporate Sustainability (ECCS) à son école de commerce Haskayne. Le professeur Arvai a été nommé à la direction de l’institut, puis démis de cette fonction une semaine après avoir fait connaître son opposition, pour des motifs scientifiques, au projet de pipeline Northern Gateway.

« La Cour suprême du Canada a statué que le personnel académique devait pouvoir exercer ses activités “en toute liberté” et notamment avoir le droit de participer à des discussions musclées sans craindre d’être intimidé ou de faire l’objet de représailles, a souligné le directeur général de l’ACPPU, David Robinson. Dans le cas présent, l’Université de Calgary a non seulement échoué à protéger et à défendre la liberté académique, mais elle a aussi cédé aux pressions d’Enbridge en minant l’autonomie des travaux du ECCS. »

Les auteurs du rapport ont jugé que « la rectrice, par sa double fonction créant une apparence de conflit d’intérêts et par son omission de se récuser publiquement, ainsi que le conseil d’administration, par son approbation ou son acceptation évidente des agissements de la rectrice, ont montré un manque considérable de leadership qui, très vraisemblablement, a nui à la réputation d’indépendance et d’objectivité académiques de l’Université ».

D’après le rapport, l’Université a permis à Enbridge de nommer le Centre, de concevoir son lancement public et de déterminer ses priorités académiques tout cela, en mettant à profit son parrainage pour « subordonner les responsabilités de l’Université en tant qu’établissement d’enseignement aux priorités de donateurs éventuels de l’industrie pétrolière et gazière ».

« Le cas Enbridge est la preuve qu’une université peut facilement devenir dépendante financièrement des entreprises »… ce qui crée « des pressions inhérentes pour mettre de côté l’objectivité académique quand celle-ci se heurte aux priorités des donateurs », ont avancé les auteurs.

 Le rapport contient huit recommandations, dont un examen de la structure et des processus de gouvernance de l’Université, afin qu’ils soient plus transparents et qu’ils incarnent clairement les principes de la liberté académique et de la gouvernance collégiale. Il propose également d’interdire à tous les cadres supérieurs de l’Université d’occuper, contre rémunération, un siège au conseil d’administration de sociétés externes; d’examiner les relations avec les entités externes afin de les rendre conformes aux recommandations de l’ACPPU sur les collaborations universitaires; enfin, d’analyser et de renforcer les processus de gouvernance collégiale et de prise de décision en commun auxquels participent les dirigeants, le corps professoral, les étudiants et le personnel de l’Université, en soumettant les cadres supérieurs à une obligation de rendre des comptes.  

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Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter :

Lisa Keller, agente des communications, Association canadienne des professeures et professeurs d’université, 613-726-5186 (bureau) ou 613-222-3530 (cellulaire)