Back to top

Opposition à l'utilisation des sondages d'opinion des étudiants à l'Université de Lethbridge

Opposition à l'utilisation des sondages d'opinion des étudiants à l'Université de Lethbridge

Auteur : John Lorinc

Ces jours-ci, quand les comités chargés de l’embauche ou des examens post-titularisation de l’Université de Lethbridge (UL) accueillent de nouveaux membres du personnel, ils leur donnent un document de formation plutôt inusité : un exemplaire d’une décision de 2018 de l’arbitre ontarien William Kaplan portant sur une affaire impliquant l’Université Ryerson (maintenant l’Université métropolitaine de Toronto) et son association de personnel académique.

La cause traitait du recours aux sondages d’opinion sur l’enseignement des étudiants et étudiantes au moment de prendre des décisions sur l’embauche et la promotion. Ces prétendues évaluations – qui ne sont ni plus ni moins que des sondages de satisfaction de la clientèle selon le président de la Lethbridge Faculty Association (ULFA), Dan O'Donnell – font partie du paysage postsecondaire depuis des générations et occupent une place de plus en plus centrale dans l’expérience étudiante depuis les années 1950. Dan O'Donnell se souvient d’avoir utilisé un recueil de sondages d’opinion d’étudiants d’étudiantes publié par l’Université de Toronto pour choisir ses cours et ses professeurs à la fin des années 1980, alors qu’il fréquentait cette université.

Étant donné qu’ils incluent un système de notation, les sondages étudiants peuvent être officieusement pris en compte par les comités chargés des décisions relatives à l’embauche et à la promotion. Or, depuis les années 1980, un nombre croissant d’articles universitaires ont démontré à quel point ces sondages sont souvent biaisés, particulièrement à l’endroit des enseignantes et des personnes dont la langue d’enseignement n'est pas la langue maternelle. (Canlii Connects a publié un blogue utile sur la décision Kaplan, qui fournit des liens vers une foule d’études ayant fait part de lacunes et de biais dans des sondages étudiants.)

Les étudiants « sont un groupe d’évaluateurs sans formation », explique Dan O'Donnell, qui a lu des sondages dans lesquels des personnes commentent l’apparence, la façon de se vêtir ou la façon de se comporter d’enseignantes. Il ajoute que les sondages demandent aussi aux étudiants de se prononcer sur le contexte pédagogique plus large des cours qu’ils suivent.

Même si les conventions collectives incluent depuis des années des mises en garde contre la prise en compte des sondages étudiants, la décision Kaplan est le premier examen de la question à avoir regroupé tous les éléments de preuve pertinents. Sa publication a suscité un très grand intérêt de la part des associations de personnel académique du Canada, y compris l’ULFA, qui s’est assuré que les membres des comités chargés de l’embauche, de la promotion et des examens post-titularisation soient sensibilisés à la question et, plus précisément, aux façons dont les biais imprègnent les évaluations étudiantes qui sont ensuite utilisées pour guider les décisions relatives aux promotions.  

Aujourd’hui, les membres des comités d’embauche de l’UL ne doivent plus se fier à des sondages qui ne sont pas conçus pour établir le niveau d’efficacité des enseignants. « On ne peut pas nier que l’expérience étudiante est l’expérience étudiante », fait remarquer Dan O'Donnell. Mais cette expérience est invariablement subjective et sans lien avec les critères officiels d’embauche qu’utilisent les membres des comités pour prendre leurs décisions. « L’utilisation de la décision Kaplan comme manuel de formation le démontre clairement. Elle a occasionné un réel changement de culture. »