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L’analyse des données

La présente section dresse un tableau général de certaines méthodes qui pourraient être utilisées pour analyser les écarts salariaux. Les méthodes d’analyse sont classées soit comme exploratoires soit comme prescriptives, les premières pouvant servir aux analyses préliminaires de « premier tour ». Les analyses prescriptives permettent quant à elles aux chercheurs de chiffrer le degré d’inégalité de genre pour une facette donnée des écarts salariaux, ce qui peut être utile pour calculer une réparation pécuniaire.

L’analyse descriptive

Une analyse descriptive approfondie des données administratives peut être un volet incroyablement utile d’une étude sur les écarts salariaux. Certes, de nombreuses informations provenant des analyses descriptives pourraient aussi être glanées grâce à d’autres techniques d’analyse, mais il ne faut pas pour autant négliger l’analyse descriptive. Cette analyse peut aider les chercheurs à repérer les mécanismes potentiels à l’origine de l’écart salarial global (à la fois les disparités salariales et les iniquités en emploi), ce qui peut éclairer la planification de l’analyse subséquente et la spécification des régressions. Elle peut également aider les chercheurs à recenser les facteurs à l’origine des écarts salariaux entre les genres, permettant ainsi au comité de concentrer son analyse sur les domaines qui contribuent principalement aux écarts salariaux.

Une analyse descriptive peut examiner le nombre de professeures et de professeurs ainsi que le salaire moyen ou médian grâce à une tabulation croisée des variables pertinentes pour la rémunération, à savoir le genre, le rang, la discipline ou le département, les années d’expérience, l’âge, etc. Les sous‑populations du personnel enseignant peuvent aussi être étudiées selon la répartition salariale, et la répartition entre les hommes et les femmes peut être comparée.

La décomposition de Blinder-Oaxaca

Cette méthode vise à décomposer les différences entre les salaires moyens des hommes et des femmes afin de trouver les facteurs à l’origine des écarts salariaux.

Il existe de nombreuses variantes de cette méthode, mais la méthode générale exige que les chercheurs estiment deux régressions au cours desquelles le salaire fait l’objet de calculs de régression sur des variables qui représentent les déterminants du salaire.12 L’une des régressions porte seulement sur les hommes, et l’autre uniquement sur les données salariales des femmes. Les résultats des régressions sont ensuite comparés afin d’établir dans quelle mesure l’écart est déterminé par des facteurs « explicables », qui sont inclus dans les régressions, ou des facteurs « inexplicables », qui laissent penser à l’existence d’une disparité salariale.

Cette méthode peut être utile pour comprendre les facteurs à l’origine de l’écart salarial global et leur ampleur relative, ce qui permet au comité de repérer les domaines dans lesquels une forte iniquité en emploi pourrait exister. Une description technique de la méthode est présentée dans l’article de Laura Brown et Elizabeth Troutt sur les disparités salariales entre les genres à l’Université du Manitoba.13


12 L’analyse de régression est traitée à la section 2.4.2 « L’analyse de régression – la disparité salariale ».

13 Brown, L.K. et Troutt, E., « Sex and Salaries at a Canadian University: The Song Remains the Same or the Times They Are a Changin'? », Analyse de Politiques, vol. 43, no 3. 2017: https://muse.jhu.edu/article/666845/summary