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Le mot du président / Lutter contre le changement en 2017

Le mot du président / Lutter contre le changement en 2017

par James Compton

« Plus ça change, plus c’est pareil. » Cet adage populaire résume-t-il bien la dernière année académique?

Oui et non. Mon petit côté cynique me dit que bien des problèmes que tentent de résoudre les associations de personnel aca­démique au Canada sont tenaces. L’amélioration de la gouvernance collégiale demeure un cheval de bataille — et le succès est parfois au rendez-vous. La liberté académique est toujours le mot d’ordre des recteurs (tous sont pour la vertu), mais leur détermination chancelle quelquefois devant d’autres priorités, comme l’attrait de l’argent ou le risque d’une atteinte à la marque. Le personnel académique contrac­tuel continue d’être exploité et l’austérité budgétaire est toujours aussi populaire et implacable.

Il est vrai que les enjeux sont multiples et que le chemin de la victoire est, pour beaucoup, un parcours à obstacles dont certains sont de taille à ralentir notre progression. Mais nous progressons, étape par étape.

Pour les membres de l’ACPPU, la liberté académique est une valeur fondamentale qui, malgré le discours populaire, est solidement défendue aujourd’hui. Le 1er décembre dernier, l’ACPPU a été une intervenante dans deux appels interjetés auprès de la Cour suprême du Canada par l’Université Trinity Western de deux décisions impliquant les barreaux de la Colombie-Britannique et de l’Ontario. Les deux barreaux avaient refusé de reconnaître les diplômés en droit de l’Université Trinity Western parce qu’en vertu de son engagement communautaire, l’Université exige des étudiants qu’ils s’abstiennent, entre autres, d’avoir des relations sexuelles en dehors d’un mariage hétérosexuel. L’ACPPU a soutenu que l’engagement équivalait à une profession de foi, et donc, à une entrave inacceptable à la liberté académique. Nous attendons la décision.

L’ACPPU expose les quatre volets principaux de la liberté académique dans sa politique du même nom : la liberté d’enseignement, la liberté de recherche et de publication, la liberté d’exprimer des points de vue critiques à l’égard des établissements postsecondaires (liberté académique intra-muros) et la liberté d’exercer ses droits civils sans être frappé de sanctions (liberté académique extra-muros). Dans le passé, ce sont essentiellement des propos tenus à l’extérieur des établissements d’enseignement qui étaient matière à différend. La controverse suscitée par les commentaires d’Andrew Potter, de l’Université McGill, au sujet de la nature de la société québécoise après une tempête de neige particulièrement violente en est un exemple parfait. Cependant, les dérives des administrations universitaires pour limiter l’expression d’opinions dans leurs enceintes nous ont aussi tenus occupés.

La dernière année a aussi été marquée par la sortie du rapport d’un comité d’enquête spécial chargé d’examiner la relation entre l’Université de Calgary et le géant pétrolier et gazier Enbridge. Le comité a conclu que la rectrice en poste, Elizabeth Cannon, était en situation de conflit d’intérêts, car elle était également membre du conseil d’administration d’Enbridge, une charge « généreusement rémunérée ». Le comité a aussi fait état d’« une culture du silence et de représailles profondément inquiétante » à l’Université. Le rapport contient huit recommandations, dont un examen de la structure et des processus de gouvernance de l’Université afin qu’ils soient plus transparents et incarnent clairement les principes de la liberté académique et de la gouvernance collégiale.

La résonance de notre voix à l’échelle nationale est à la base de notre pouvoir et de notre influence. Nous réclamons du gouvernement un financement et des politiques qui assureront que nos établissements offrent un enseignement de première qualité, sont accessibles et contribuent à l’avancement de nos intérêts professionnels. En 2017, notre lobbyisme a porté ses fruits. Notre campagne Choisir la science a amené le gouvernement fédéral à prendre divers engagements importants, dont : une hausse de 95 millions de dollars du financement de base de la recherche fondamentale par les trois conseils subventionnaires; le rétablissement par Statistique Canada du Système d’information sur le personnel d’enseignement dans les universités et les collèges et son élargissement au personnel à temps partiel; le blocage des fonds pour les Chaires de recherche du Canada dans les universités qui n’appliquent pas le critère de la diversité dans leur sélection; le retour d’un conseiller scientifique en chef; l’amélioration de l’accès à l’éducation postsecondaire, en particulier pour les Autochtones; et la création d’un comité consultatif sur la science fondamentale. Ce comité a remis son rapport final en avril, un jour à marquer d’une pierre blanche en raison de sa recommandation d’augmenter en priorité de 1,3 milliard de dollars le financement de base de la recherche fondamentale. L’ACPPU veille de près à ce que ce rapport ne soit pas tabletté.

J’aimerais souligner les efforts exceptionnels de mobilisation et de négociation des 12 000 membres du personnel académique de 24 collèges en Ontario qui ont été en grève pendant cinq semaines. Leurs visées claires nous ont tous aidés à agir pour bonifier les conditions de travail du personnel académique contractuel partout au pays. Ce problème ne sera pas résolu demain matin. Les forces et les intérêts concourant à la détérioration de nos conditions de travail sont solidement enracinés, depuis longtemps. Il faudra que l’État revoie en profondeur son soutien financier à l’éducation supérieure. Plus ça change, plus c’est pareil …

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