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Intégration des Autochtones dans le milieu académique

Énoncé de principes de l'ACPPU

L’ACPPU reconnaît l’apport pionnier du personnel académique autochtone et des programmes d’études autochtones vers l’intégration des Autochtones dans le milieu académique. La vague actuelle d’intégration de la culture autochtone repose sur les fondations que ces peuples ont jetées. Le processus d’intégration passe également par la reconnaissance des droits des peuples autochtones comme partie intégrante des droits et responsabilités qui tirent leur origine des valeurs et des traditions holistiques autochtones. Ces droits sont affirmés dans les traités, la Constitution canadiennes et les accords internationaux. Cette démarche implique d’autre part la reconnaissance des préjudices qu’ont subis historiquement les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada, ainsi que l’engagement de prendre des mesures proactives visant à rétablir, renouveler et régénérer les pratiques, langues et savoirs autochtones.

Afin de garantir le succès du processus d’intégration, les employeurs et les associations de personnel académique pourraient devoir négocier des modifications pertinentes à leurs conventions collectives ou à leurs conditions de travail en vue de mettre en place des politiques et des pratiques équitables qui intéressent directement les peuples autochtones1 et qui appliquent leurs savoirs à tous les aspects de la vie sur le campus. Au nombre de ces politiques et pratiques doivent figurer les suivantes :

  • La reconnaissance explicite du fait que le personnel académique autochtone2 doit, à tout le moins, jouir de droits égaux en ce qui concerne l’appartenance à une association ou à un syndicat, la liberté académique, l’emploi dans des conditions de travail décentes, l’obtention d’une juste rémunération, et l’accès aux ressources de recherche et d’enseignement.
  • L’engagement à accroître en permanence et de manière soutenue la taille de l’effectif du personnel académique autochtone, entre autres par la réalisation d’embauches ciblées pour les postes existants et par la création de nouveaux postes permanents qui concourent à la croissance à long terme des activités d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité au sein du milieu académique.
  • La mise en place de mécanismes de recrutement de personnel académique autochtone qui soient équitables, transparents et gérés par des pairs.
  • La prestation de programmes de formation et de soutien professionnels adéquats qui garantissent l’équité dans le maintien en poste et l’avancement du personnel académique autochtone.
  • L’établissement de procédures d’embauche, de formation et d’évaluation qui reconnaissent explicitement les compétences et les contributions particulières du personnel académique autochtone, entre autres dans les domaines suivants : le développement et le partage des savoirs et langues autochtones; la collaboration avec des plateformes de recherche et des revues spécialisées qui respectent les valeurs culturelles; le service à la collectivité; toute autre considération pertinente, dont des expériences vécues au sein de collectivités autochtones.
  • La reconnaissance explicite, assortie d’une indemnisation appropriée, de tout surcroît de travail que les membres autochtones du personnel académique peuvent être appelés à assumer en conséquence de leurs statut et/ou obligations communautaires3.
  • L’offre de possibilités et de mesures de soutien adaptées aux besoins des membres du personnel académique autochtone qui leur permettent d’entretenir en permanence des liens importants avec leurs collectivités, leurs terres et leurs eaux.
  • La mise en place de mécanismes visant à ce que les contenus et les savoirs autochtones soient correctement intégrés dans tous les programmes d’études. Afin de s’assurer que, en apportant ainsi des révisions aux cursus, on ne court pas le risque d’agir de façon purement symbolique, de déformer la réalité ou de s’approprier la culture des Autochtones, il est essentiel de dégager des ressources suffisantes pour la recherche et le développement de nouvelles approches qui refléteront toute la diversité des histoires, des langues, des cultures, des points de vue, des pédagogies et des expériences des Autochtones.
  • Le respect de la gouvernance collégiale, de la transparence et de la procédure régulière dans tous les processus décisionnels concernant les initiatives autochtones. Lorsque que cela est indiqué, les membres autochtones et non autochtones du personnel académique, les étudiants et les membres de la collectivité sont pleinement consultés sur de telles initiatives. 
  • La tenue de consultations officielles périodiques et le maintien de vastes relations communicatives informelles et continues entre l’université ou le collège et les collectivités autochtones concernées.
  • L’assurance que la mise en œuvre et l’évaluation de tous les programmes d’études, y compris les programmes parrainés par les universités et les collèges qui sont axés sur des questions ou des collectivités autochtones tant sur les campus qu’à l’extérieur, seront confiées au personnel académique compétent. Dans les cas où une université ou un collège offre officiellement des programmes connexes extrascolaires à l’intention des étudiants autochtones (ou qui portent sur des sujets ayant directement trait à des personnes ou collectivités autochtones), ces programmes sont élaborés dans le cadre de consultations transparentes et approfondies avec le personnel académique et les collectivités autochtones concernées.
  • La liberté académique s’applique à tous les aspects de ces procédures et politiques.

Approuvé par le Conseil de l’ACPPU, novembre 2016.
Révision rédactionnelle effectuée en octobre 2021.

Notes
1 L’utilisation des termes anglais « aboriginal » par opposition à « indigenous » fait l’objet d’un débat en cours. Le premier terme présente une signification dans le droit constitutionnel canadien, tandis que le second est de plus en plus privilégié du fait de sa signification plus large en droit international en vertu de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le Groupe de travail de l’ACPPU sur l’éducation postsecondaire des Autochtones recommande de conserver le terme « aboriginal », bien qu’il poursuive son examen de la question. En français, les deux termes anglais se traduisent par « autochtone ».
2 Y compris les aînés et les membres du personnel académique qui travaillent hors campus.
3 Voir l’énoncé de principes de l’ACPPU sur la reconnaissance de la charge de travail accrue des membres du personnel académique au sein des groupes d’équité en contexte minoritaire.