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L'histoire de l'ACPPU

L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université a été fondée lors du congrès des sociétés savantes tenu à l’Université McGill le 3 juin 1951, l’ACPPU célèbre cette année son 60e anniversaire. C’est l’association du personnel enseignant de l’Université de l’Alberta qui a ouvert la voie à la création de l’ACPPU lorsqu’elle a envoyé, en 1948, une lettre aux membres du corps professoral d’autres universités pour leur demander si la formation d’une association canadienne de professeurs d’université les intéresserait.

Le regroupement de l’Université de l’Alberta a alors suggéré qu’une telle association nationale s’occupe de questions telles que les salaires, la permanence, les fonds de pension, les allégements fiscaux, les congés sabbatiques et la liberté académique. Concernant la façon dont l’association proposée pourrait promouvoir les intérêts des professeurs d’université, on a noté que la négociation collective gagnait en popularité parmi les universitaires et que l’on cherchait à conclure des ententes à l’Université de l’Alberta et à l’Université de la Saskatchewan. À l’Université de la Colombie-Britannique, un comité syndical du corps professoral s’apprêtait à recommander la création d’un comité chargé de négocier les salaires des professeurs.

La lettre envoyée par le regroupement de l’Université de l’Alberta a suscité des réponses positives, motivées principalement par la faiblesse inquiétante des salaires et le sentiment d’une dégradation du statut des universitaires. Il a donc été décidé de former un comité syndical qui se réunirait dans le cade du congrès des sociétés savantes de 1950 au Collège militaire royal à Kingston, en Ontario. Lors de cette rencontre, la décision a été prise de créer une organisation nationale – un comité syndical provisoire composé de dix-huit membres provenant de seize universités.

Au moment où l’organisation a tenu sa réunion inaugurale, un an plus tard, des associations de personnel académique avaient été formées dans sept universités canadiennes - Alberta, UBC, Laval, McGill, Queen’s, Saskatchewan et Toronto.

L’ACPPU a fonctionné pendant huit ans sans structure ni effectif permanent. Les cotisations étaient minimes, et les membres du Comité de direction provenaient d’une seule région en raison des frais de déplacement. Durant cette période, l’accent a été mis principalement sur les questions économiques, la collecte et la distribution de données sur les salaires, et la mobilisation générale en vue d’obtenir du gouvernement fédéral des fonds pour les universités. La liberté académique est demeurée une question secondaire même s’il en a été fait mention à la réunion de fondation. En juin 1958, l’assemblée de l’ACPPU a rejeté une motion visant à créer un comité permanent chargé de surveiller de près la permanence et la liberté académique dans les universités, mais a toutefois convenu de mandater un comité pour définir le rôle que l’ACPPU devait jouer afin d’assurer la protection des membres au regard de ces questions. Un amendement a été ajouté pour confirmer que celles-ci devaient être au centre des préoccupations de l’association.

Les participants à cette assemblée étaient loin de s’imaginer que l’ACPPU allait être transformée par les événements qui se déroulaient simultanément à l’United College à Winnipeg. Le congédiement du professeur Harry Crowe de ce collège en juillet 1958 et la décision prise par l’ACPPU de créer son premier comité d’enquête, coprésidé par Vernon Fowke (Saskatchewan) et Bora Laskin (Toronto), ont changé l’ACPPU pour toujours. L’affaire a porté la question de la liberté académique au devant de la scène dans tout le pays, et la lutte qui s’est ensuivie a donné à l’ACPPU l’élan voulu pour mettre en place une structure viable adaptée aux enjeux propres au personnel académique.

L’ACPPU a nommé en juillet 1959 son premier secrétaire général J.H. Stewart Reid, lequel figurait au nombre des seize membres du corps professoral de l’United College qui avaient remis leur démission par solidarité avec Harry Crowe et en guise de protestation contre son congédiement. Dans une note dont je n’ai pris connaissance qu’au moment de la cérémonie spéciale tenue en l’honneur des seize universitaires lors de l’assemblée du Conseil de l’ACPPU en 2009, on y indiquait que Stewart Reid avait démissionné de son poste et renoncé à sa pension pour se ranger aux côtés de ses collègues même s’il n’avait aucun autre emploi en perspective et qu’il se savait atteint depuis quelques mois d’un cancer en phase terminale.

En 1959, l’ACPPU regroupait 27 associations membres et disposait d’un budget d’un peu plus de 25 000 $. Ces chiffres ont continué d’augmenter de façon constante dans les années suivantes. En 1963, elle représentait 4 800 membres individuels répartis dans 38 associations membres, avec un budget de 41 000 $. Après avoir compté dix ans plus tard 47 associations membres représentant 17 500 membres individuels et disposé d’un budget de 568 000 $, l’ACPPU avait porté le nombre de ses associations membres à 54, représentant 21 200 membres du personnel académique, et s’était doté d’un budget de fonctionnement de près de 2 millions de dollars. Mon expérience de première main à l’ACPPU a commencé en 1998 lorsque j’ai pris les fonctions de directeur général. Cette année-là, nous comptions 56 associations membres représentant 24 865 membres du personnel académique et nous disposions d’un budget de 3,1 millions de dollars. Depuis 1998, le nombre de nos membres, en hausse de 79 %, est passé à 44 493, répartis dans 70 associations locales. En ajoutant ses trois associations fédérées, l’ACPPU représente maintenant plus de 66 000 membres du personnel académiques en poste dans 122 universités et collèges, et son budget s’établit à 7,1 millions de dollars.