
Par Peter McInnis
Dans la satire politique « Déni cosmique », des astronomes tentent d’avertir les autorités et le public de l’approche d’une comète qui détruirait la civilisation humaine. L’allégorie de l’ignorance des conséquences désastreuses du changement climatique est appropriée à notre situation actuelle en tant qu’éducatrices et éducateurs.
La situation géopolitique instable dans laquelle nous nous trouvons, provoquée en grande partie par les inconséquences de l’administration américaine actuelle et l’incertitude des économies fédérale et provinciales confrontées à une récession infligée, a de graves conséquences. Alors qu’un réinvestissement substantiel en éducation s’impose depuis longtemps, le message des gouvernements et des établissements est celui de l’austérité et du repli sur soi.
L’héritage de nos universités et collèges, construit au cours de plus de 60 ans de progrès graduels, est plus que jamais menacé.
Avec le retrait du financement de l’enseignement postsecondaire et son remplacement par une augmentation considérable des frais de scolarité — pour les étudiantes et étudiants canadiens et internationaux et les programmes professionnels —, la dépendance à l’égard des donateurs privés et des fondations s’est également accrue. Dans d’autres cas, le financement provincial est exclusivement destiné à des disciplines et des programmes appliqués sélectionnés, les autres étant laissés à eux-mêmes. L’abandon du financement public durable de l’enseignement postsecondaire multidisciplinaire crée de nouvelles inégalités et obstacles à la solidarité.
Les définitions du néolibéralisme varient, mais elles englobent le fait de lier nos établissements à la commercialisation, à la déréglementation, à la privatisation des services publics, à un système fiscal régressif et à la limitation stricte des dépenses sociales. Le point culminant est la transformation radicale des fonctions réelles de l’université publique qui a été décrite comme une « idéologie de termites » qui s’infiltre dans l’esprit de chacun pour saper l’imagination d’alternatives démocratiques.
Dans ces moments-là, il y a une tendance à se concentrer sur la recherche et l’enseignement — des tâches que nous pouvons contrôler. Nous devons cependant résister à la tentation de nous réfugier au bureau ou au laboratoire. Cette attitude de distanciation ne nous sauvera pas de ceux qui veulent saper les principes de base et la viabilité de l’enseignement postsecondaire.
Collectivement, nous devons tirer force de notre fédération nationale d’éducatrices et éducateurs mobilisés pour influencer l’avenir des établissements postsecondaires canadiens. C’est un combat pour lequel nous devons nous engager et motiver les autres à faire de même.
L’ACPPU préconise la stabilité du financement fédéral de la recherche. Qu’il s’agisse de la campagne « Il est temps de choisir la science! », menée avec succès, ou des récents efforts de lobbying visant à soutenir les projets fondamentaux menés par des chercheuses et chercheurs, notre voix nationale a fait une différence. Nous avons également appelé à la transparence et à la responsabilité pour les étudiantes et étudiants étrangers, en espérant que la délivrance des visas se fasse de manière rationnelle et équitable. De même, alors que toute récession financière fragilise le personnel académique contractuel, nous nous opposons à l’exploitation des collègues vulnérables.
À cette fin, l’ACPPU a élaboré des ressources pour aider à défendre notre profession. L’Almanach de l’enseignement postsecondaire au Canada analyse les dépenses consacrées au secteur, la diversité de l’emploi, les échelles salariales, les inscriptions d’étudiantes et étudiants et d’autres paramètres connexes. La Trousse de l’équité présente des stratégies pour faire progresser et soutenir les groupes visés par l’équité.
Des conseils pratiques sur les questions de liberté académique, de négociation collective et de gouvernance sont disponibles. Le Tableau de bord de la négociation collective et la base de données sur les conventions collectives fournissent des renseignements précis sur des établissements de comparaison.
Les services juridiques de l’ACPPU et la défense des intérêts en cours sont axés sur les initiatives fédérales liées au financement, aux étudiantes et étudiants canadiens et internationaux et au personnel académique contractuel. Des ateliers, des forums et des conférences annuels offrent un soutien aux membres. Nous ne sommes pas seuls et nous avons les moyens de faire la différence.
Le désir d’être représenté par une fédération nationale efficace et d’avoir accès aux services aux membres est à l’origine de notre récente expansion. L’ACPPU accueille de nouveaux syndicats de la Saskatchewan et du Québec, ce qui porte le nombre total de ses membres à plus de 75 000 dans 130 universités et collèges. L’union fait la force, tout comme la détermination mutuelle à défendre l’enseignement postsecondaire, non seulement en termes de milieu de travail professionnel, mais aussi afin d’assurer l’équité pour la population étudiante.
La réponse aux menaces étrangères peut prendre diverses formes. Pour certains, il s’agit d’affirmer notre identité nationale et nos valeurs communes, ou d’exercer nos choix de consommateurs en achetant des produits canadiens. Cette résistance devrait également se traduire par un engagement actif en faveur de la défense d’un patrimoine de recherche et de diffusion des connaissances.
Dans des moments comme celui-ci, nous devons résolument agir pour nous-mêmes et pour les autres. Il est temps de relever la tête.