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Lettre à la rédaction / Les établissements postsecondaires canadiens et la Palestine/Israël

Lettre à la rédaction / Les établissements postsecondaires canadiens et la Palestine/Israël

Par Muhannad Ayyash

Dans une déclaration datée du 29 novembre 2023, 15 universités palestiniennes ont appelé la communauté internationale à boycotter les établissements universitaires israéliens afin de sauver des vies palestiniennes et de protéger les établissements postsecondaires palestiniens.

On pouvait y lire que les universités de la bande de Gaza « ont été totalement paralysées ». Depuis qu’il a lancé son opération génocidaire en octobre, l’État israélien a bombardé et détruit délibérément des universités de la bande de Gaza, lieux de savoir et de recherche universitaires, et tué des centaines de membres du corps enseignant, de la communauté étudiante et de l’administration des universités palestiniennes. Des bibliothèques, des archives, des sites patrimoniaux et des sites culturels ont également été détruits. Des années de recherche et de documentation ont été volées et éradiquées.

Parmi les nombreuses victimes de ces actes de destruction, rappelons que le président de l’Université islamique de Gaza, le professeur Sufian Tayeh, a été tué ainsi que tous les membres de sa famille. Il s’agit du plus important établissement universitaire de la bande de Gaza, et le professeur Tayeh était un chercheur estimé de renommée internationale. Refaat Alareer, professeur de littérature anglaise à l’Université islamique de Gaza et cofondateur de We Are Not Numbers, a lui aussi été tué.

La dévastation du savoir palestinien, allant des personnes qui génèrent le savoir aux entités productrices de connaissances, n’est rien d’autre qu’un épistémicide, soit la mise à mort, la réduction au silence, l’anéantissement ou la dévalorisation d’un système de connaissances.

La situation est également désastreuse en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où les membres de l’effectif étudiant et du corps enseignant continuent de voir leur liberté académique bafouée. L’armée israélienne mène régulièrement des raids sur des campus universitaires, impose la fermeture des universités et procède à des arrestations massives de membres des corps étudiant et enseignant. Il existe également des restrictions extrêmes sur le nombre de membres des corps étudiant et enseignant palestiniens qui peuvent se rendre à l’étranger pour participer à des conférences, développer leurs réseaux de recherche et faire progresser leur carrière universitaire.

Nous avons également assisté à une attaque contre la liberté académique du personnel universitaire au sein des universités israéliennes, comme dans le cas de la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian. La Fédération palestinienne des syndicats de professeurs et d’employés d’université (PFUUPE) indique clairement que les établissements universitaires jouent un rôle actif dans l’apartheid israélien et dans la réduction au silence de la parole, des idées et du savoir palestiniens.

Comme le déclare Anthropologists for the Boycott of Israeli Academic Institutions : « Les universités palestiniennes se trouvent de plus en plus isolées par les politiques israéliennes qui limitent leur collaboration internationale, réduisent leur autonomie et restreignent l’accès de la population palestinienne aux circuits d’échanges intellectuels et académiques. »

Il ne s’agit pas simplement d’une situation « qui se passe là-bas ». Les établissements postsecondaires canadiens ont conclu au moins 60 accords avec des établissements israéliens. En collaborant avec des établissements israéliens qui se livrent à l’épistémicide ou qui en sont complices, les établissements canadiens ne respectent manifestement pas les énoncés de principes de l’ACPPU concernant la liberté académique et l’engagement à l’égard de la justice sociale.

Si les établissements canadiens ne soutiennent pas l’appel au boycott, ils soutiennent un statu quo dans lequel les universités palestiniennes et les membres des corps enseignant et étudiant palestiniens continueront d’être victimes d’attaques et d’actes de destruction.

En répondant à l’appel des universités palestiniennes et de la PFUUPE, les administrations des universités et des collèges, les associations et syndicats de personnel enseignant de tout le Canada ainsi que l’ACPPU s’engagent à :

  • désinvestir les entreprises qui (a) fournissent des armes à l’État israélien et (b) permettent l’apartheid et le génocide contre le peuple palestinien;
  • couper les liens et mettre fin à tous les accords avec les établissements universitaires israéliens.

Sans une action qui exerce une réelle pression sur les établissements israéliens, l’État israélien continuera à agir en toute impunité et à détruire des établissements palestiniens, ainsi que des vies et la société palestiniennes.


Muhannad Ayyash Professeur de sociologie, Université Mount Royal

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