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Le coin du directeur général / Le Canada : de retardataire à leader dans la syndicalisation du personnel académique

Le coin du directeur général / Le Canada : de retardataire à leader dans la syndicalisation du personnel académique

Par David Robinson

Le Canada a l’un des taux de syndicalisation du personnel académique les plus élevés au monde. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Des syndicats académiques sont apparus dans d’autres pays des décennies avant que l’idée ne soit sérieusement envisagée ici.

Comment se fait-il que nous soyons passés du statut de retardataire à celui de leader en matière de syndicalisation du personnel académique?

Le premier syndicat de personnel académique du Canada n’a vu le jour qu’en 1970, des décennies après le début des efforts de syndicalisation du personnel enseignant dans d’autres pays. Au Royaume-Uni, l’Association of University Lecturers a été fondée en 1917, puis la composition de ses membres s’est élargie à l’ensemble du personnel enseignant deux ans plus tard. En 1918, la General Danish Masters’ Organisation a été fondée pour représenter tous les membres du personnel qui étaient titulaires d’un diplôme universitaire supérieur, y compris les universitaires. En Australie, la Sydney Association of University Teachers, fondée en 1943, était affiliée au Conseil du travail de la Nouvelle-Galles du Sud.

Même aux États-Unis, des syndicats de personnel enseignant ont été créés avant les années 1920. En 1918, soit deux ans après sa création, l’American Federation of Teachers (AFT) a modifié ses règles constitutionnelles pour permettre l’adhésion de syndicats de l’enseignement supérieur. La première section locale de l’AFT à l’Université Howard a été admise la même année, suivie par le syndicat du personnel enseignant de l’Université de l’Illinois en 1919.

Pendant ce temps, la syndicalisation du personnel académique au Canada n’était pas à l’ordre du jour. Des associations de personnel enseignant se sont formées tout au long de la première moitié du 20e siècle, mais elles fonctionnaient de manière informelle. Les problèmes qui survenaient entre l’administration et le personnel enseignant étaient traités discrètement et sur une base ad hoc. Les salaires ont été fixés individuellement plutôt que collectivement, et les critiques antagonistes à l’égard de l’administration ont été évitées au profit d’une relation amicale avec la direction et le conseil d’administration.

En effet, comme l’a décrit Paul Axelrod, les associations de personnel enseignant fonctionnaient comme « un auxiliaire mineur des administrations elles-mêmes ».

Ce n’est qu’à la fin des années 1940 qu’il a été question de créer un organisme professionnel à l’échelle nationale sur le modèle de l’American Association of University Professors, association non syndiquée, et même cette idée a suscité une certaine controverse. Le Committee to Represent the Teaching Staff de l’Université de Toronto — précurseur de l’association du personnel enseignant d’aujourd’hui — s’est opposé à la création de l’ACPPU en 1951, craignant que le nouvel organisme n’adopte des « attitudes syndicales ».

À la fin des années 1960, le vent commence à tourner. Le Conseil de l’ACPPU débat des mérites de la syndicalisation face à la détérioration des conditions de travail, à la stagnation des salaires et aux menaces qui pèsent sur les droits professionnels comme la liberté académique, la titularisation et la gouvernance collégiale.

Le débat a été largement alimenté par des facteurs économiques, mais l’ACPPU a également considéré que la syndicalisation était nécessaire pour garantir la protection juridique de la liberté académique et de la titularisation. Avant la syndicalisation, les violations présumées de la liberté académique au sein d’une université ou d’un collège étaient traitées dans le cadre d’une procédure d’audience interne, mais les membres individuels du corps enseignant avaient peu de possibilités de recours devant les tribunaux ou des instances indépendantes. Aujourd’hui, le fondement juridique de la liberté académique au Canada réside principalement dans les conventions collectives qui définissent, protègent et font respecter la liberté académique.

Si les premières vagues de syndicalisation au Canada ont été essentiellement réactives et pragmatiques, l’accréditation a apporté d’autres avantages tangibles. Elle a ancré la liberté académique et la titularisation dans des contrats juridiquement contraignants et a contribué à freiner la croissance et la concentration des pouvoirs unilatéraux de l’administration.

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