Faits saillants de la 96e assemblée du Conseil de l’ACPPU
Du 25 au 27 avril, un nombre record de près de 200 déléguées et délégués, et observatrices et observateurs se sont réunis à Ottawa pour assister au Conseil de l'ACPPU. Ensemble, ils se sont penchés sur des questions importantes auxquelles est confronté le personnel académique et professionnel, ont procédé à l’élection de dirigeantes et dirigeants, et ont rendu hommage à nos réalisations collectives.
Mot du Président
Dans son allocution d'ouverture, le président de l'ACPPU, Peter McInnis, a encouragé le militantisme organisé. « Nous sommes politiques », a-t-il déclaré.
Malgré certains défis, la profession académique au Canada conserve des protections véritables en matière de liberté académique, de titularisation, de négociation collective et d'équité. M. McInnis a exhorté l’auditoire à s’unir pour défendre nos protections fondamentales et les étendre aux collègues internationaux. Il a réclamé la solidarité et l'action collective pour garantir l'avenir de l'éducation postsecondaire.
M. McInnis a également appelé les participants à soutenir l’Association des professeurs de droit de McGill (AMPD). Le syndicat a déclenché la grève en vue d’obtenir une première convention collective équitable.
Élections au Comité de direction
Le Conseil de l'ACPPU a élu les nouveaux membres suivants du Comité de direction :
- Marc Schroeder (Mount Royal Faculty Association) en tant que représentant ordinaire (Général)
- Jennifer Dekker (Association des professeurs de l'Université d'Ottawa) en tant que présidente du Comité des bibliothécaires et des archivistes
- Fabienne Cyrius (Concordia University Part-Time Faculty Association) en tant que coprésidente du Comité de l’équité
- Michael Shaw (University of Manitoba Faculty Association) en tant que président du Comité de la négociation collective et de l’organisation
Ces personnes se joignent aux membres suivants du Comité de direction, dont le mandat a été reconduit :
- Président : Peter McInnis, St. Francis Xavier University Association of University Teachers
- Vice-présidente : Robin Whitaker, Memorial University of Newfoundland Faculty Association
- Trésorier : Yalla Sangaré, Association des professeurs, professeures et bibliothécaires de l'Université Sainte-Anne
- Présidente sortante : Brenda Austin-Smith, Association des professeurs de l'Université du Manitoba
- Représentant ordinaire (Francophone) : Patrick Noël, Association des professeurs et professionnels de l'Université de Saint-Boniface
- Représentante ordinaire (Québec) : Chantale Jeanrie, Syndicat des professeurs et professeures de l'Université Laval
- Représentant ordinaire (Autochtone) : David Newhouse, Trent University Faculty Association
- Représentante ordinaire (Général) : Claudia Steinke, University of Lethbridge Faculty Association
- Président du Comité de la liberté académique et de la permanence de l'emploi : Michael Arfken, UPEI Faculty Association
- Président, Comité du personnel académique contractuel : Nick Papatheodorakos, Concordia University Part-time Faculty Association
- Coprésidente, Comité de l’équité : Susan Spronk, Association des professeurs de l'Université d'Ottawa
- Directeur général (d'office) : David Robinson
Rapport du directeur général
Le directeur général de l'ACPPU, David Robinson, a discuté de la situation financière de la profession. Bien que plusieurs établissements d'enseignement postsecondaire disent se trouver en position déficitaire, beaucoup d'autres affichent de bons résultats financiers. La part des revenus d'exploitation attribuable au financement public continue de diminuer. Malgré des gains pécuniaires plus importants à la table des négociations, l'inflation a fortement érodé le pouvoir d'achat du personnel académique.
M. Robinson a également évoqué l'impact financier éventuel de l'annonce par le gouvernement fédéral d'un plafonnement du nombre de visas accordés aux étudiantes et étudiants étrangers.
Il a fait part de ses préoccupations quant à la manière dont la Politique sur la recherche en technologies sensibles et sur les affiliations préoccupantes du gouvernement fédéral pourrait nuire à la liberté académique et cibler le personnel académique d'origine chinoise. Cette politique définit de manière générale les domaines de recherche sensibles et interdit aux chercheurs financés par le gouvernement fédéral de collaborer avec les établissements désignés, basés pour la plupart en Chine.
M. Robinson a discuté de la situation en Israël et en Palestine. L'ACPPU aide le personnel académique qui fait l’objet de répercussions en raison de ses opinions, en violation de sa liberté académique. Le directeur général a également parlé de l'ingérence politique de l'ancienne ministre de l'Éducation postsecondaire de la Colombie-Britannique, qui a condamné publiquement une enseignante d’un collège, et obtenu qu’elle soit congédiée, en raison de ses commentaires sur le conflit entre Israël et Gaza.
M. Robinson a condamné le projet de loi 18 de l'Alberta, qui exigerait l'approbation par la province du financement fédéral de la recherche.
Il a également fait le point sur les activités de l’ACPPU en matière de défense des intérêts à l'échelle internationale. Il a évoqué deux rapports des Nations Unies sur l'état de la profession, la liberté académique et la liberté d'expression. Il a également fait état d’un rapport de l'OCDE sur l'état des carrières académiques qui soulève des inquiétudes quant à l'augmentation du nombre de nominations non permanentes.
Perspectives du Québec
La présidente de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université, Madeleine Pastinelli, a déclaré que les négociations de la première convention collective de l'AMPD revêtent une importance cruciale pour l'ensemble du personnel académique. Elle a également indiqué que le personnel académique s'est mobilisé contre le projet de loi 44 du gouvernement québécois, qui retire au ministère de l'Enseignement supérieur le portefeuille de la recherche scientifique.
Mme Pastinelli a également discuté de l'ingérence politique de la ministre de l'Enseignement supérieur dans la nomination de la professeure Denise Helly au conseil d'administration de l'Institut national de la recherche scientifique. Elle a parlé de la violation de la liberté académique de Patrick Provost, un collègue de l'Université Laval récemment licencié en raison de ses opinions sur l'efficacité des vaccins contre la COVID-19.
La vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, Christine Gauthier, a déploré l'utilisation sans précédent de robots conversationnels alimentés par l'IA à l'Université TÉLUQ. Le projet pilote sur l’AI a remplacé les tutrices et tuteurs de l’université sans consulter leur syndicat. La FNEEQ-CSN a réclamé la tenue d'un forum national sur l'IA dans le milieu académique. Elle a aussi exprimé des préoccupations relatives à la liberté académique, à l'autonomie professionnelle, à l'intégrité académique et à la qualité du soutien aux étudiantes et aux étudiants.
Mme Gauthier a également attiré l'attention sur la conférence de la Coalition of Contingent Academic Labour (COCAL) qui aura lieu en août prochain à Gatineau. La COCAL rassemble des militantes et militants nord-américains qui défendent l'enseignement supérieur et œuvrent à l'amélioration des conditions de travail des membres contractuels du personnel académique.
Solidarité avec l’Association McGillienne des professeur.e.s de droit
Les participantes et participants au Conseil ont tenu des pancartes de soutien à l’AMPD pour exprimer leur solidarité avec l'Association des professeurs de droit de McGill, dont les membres ont participé au piquet de grève du 24 avril. Sur les pancartes figurait un code QR permettant d'envoyer un message à l’Université McGill pour l’exhorter à rencontrer l'AMPD et à négocier de bonne foi.
Tout juste après avoir quitté le piquet de grève, le président de l'AMPD, Evan Fox-Decent, a remercié les membres du Conseil pour leur soutien. Au nom de l'AMPD, il a reçu un chèque d'un million de dollars en aide financière de la Caisse de défense de l'ACPPU.
Résolutions des membres
Le Conseil de l'ACPPU a adopté cinq résolutions.
Opposition au projet de loi 18 du gouvernement de l'Alberta
Les déléguées et délégués ont voté à l'unanimité en faveur de condamner la loi sur les priorités provinciales (projet de loi 18) proposée par le gouvernement de l'Alberta, qui constitue une atteinte dangereuse à l'autonomie des universités, à la liberté académique et aux pratiques de recherche éthiques.
Vote de défiance à l’université Saint Mary's, à Halifax
Les déléguées et délégués ont également voté à l'unanimité en faveur du vote de défiance de la Saint Mary's University Faculty Union (SMUFU) à l'endroit du président de la SMU, Robert Summerby-Murray, et du président du conseil d'administration de l’établissement, Alan Abraham. La SMUFU a enregistré le vote de défiance le 9 avril 2024.
Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas
Les déléguées et délégués ont voté en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et permanent entre Israël et le Hamas, et de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et autres personnes détenues illégalement à Gaza et en Israël. La motion appelle également les universités canadiennes à soutenir les programmes Scholars at Risk et Palestinian Students and Scholars at Risk.
Règlements de l'Université Laval
Les déléguées et délégués ont voté à l'unanimité pour appuyer la demande du Syndicat des professeurs et professeures de l'Université Laval (SPUL) voulant que l’université révise ses règlements pour s'assurer qu'ils sont compatibles avec la convention collective.
Réintégration d'un professeur de l'Université York
Les déléguées et délégués ont voté en faveur de réclamer la réintégration immédiate de la professeure Lesley Wood. L'Université York lui a imposé un congé d’une durée indéterminée à la suite d’accusations portées contre elle par les services de police de Toronto. La professeure Wood aurait participé à une manifestation de soutien à une campagne d’opposition à la Fondation HESEG pour les soldats solitaires et à l’opération militaire menée par les forces de défense israéliennes à Gaza.
Questions d’actualité en milieu académique
Santé mentale
Ivy Lynn Bourgeault, chercheuse à l'Université d'Ottawa, a présenté les résultats d'une enquête nationale sur la santé mentale des membres du personnel académique. Plus de la moitié des membres du personnel académique qui ont répondu à l’enquête ont déclaré avoir eu un problème de santé mentale. Le personnel académique a tendance à dissimuler ses problèmes de santé mentale en ne prenant pas de congé. « Il n'y a pas de statistiques [car] nous gérons nous-mêmes [nos problèmes de santé mentale] », a déclaré Mme Bourgeault. Elle a invité les associations de personnel académique à réfléchir aux mesures collectives nécessaires pour mettre la question de la santé mentale au premier plan.
Accommodement des besoins des étudiantes et des étudiants
La présidente sortante Brenda Austin-Smith et l’avocate générale Sarah Godwin ont animé une séance visant à recueillir des commentaires sur un prochain avis juridique relatif à l’accommodement des besoins de la population étudiante. Les participantes et participants ont fait part de leur vécu relativement aux programmes d’accommodement des besoins des étudiantes et étudiants de leurs universités. Ils ont discuté de l'équilibre à établir entre les besoins croissants en matière d’accommodement des besoins et les autres droits et responsabilités. Ils ont également mis l'accent sur l'augmentation de la charge de travail et le manque de rémunération ou de soutien adéquat.
Algorithmes d'apprentissage machine
Kate Cushon, présidente sortante du Comité des bibliothécaires et des archivistes, a animé une séance sur les algorithmes d'apprentissage machine. Les participantes et participants ont fait part de leurs réticences à l'égard d'outils tels que les logiciels d'examen en ligne et les bases de données des bibliothèques. Mme Cushon a fait remarquer que les administrations déploient souvent ces outils sans préavis suffisant aux étudiantes, aux étudiants et au personnel académique. Les participantes et participants ont fait part de préoccupations en matière de surveillance, de protection de la vie privée et de liberté académique. Le groupe a discuté de la protection des droits des travailleuses et des travailleurs au moyen de conventions collectives et de la gouvernance collégiale.
Plafonnement de l'internationalisation
Le président Peter McInnis et l’agente principale en politiques et relations gouvernementales, Pam Foster, ont animé une séance sur le plafonnement par le gouvernement fédéral des visas accordés aux étudiantes et aux étudiants internationaux. Les participantes et participants ont discuté des effets anticipés sur leurs campus. Les administrations des universités ont interrompu leurs plans de croissance liés au recrutement d’étudiantes et d'étudiants étrangers. Les collèges ont été plus durement touchés. Les participantes et participants ont déploré le manque de soutien aux étudiantes et aux étudiants internationaux, ainsi qu’au personnel académique.
Célébrer l’excellence et honorer nos militants
Prix Lee Lorch
Le président de l'ACPPU, Peter McInnis, a remis le prix Lee Lorch à David Newhouse, de la Trent University Faculty Association. Professeur à la Chanie Wenjack School for Indigenous Studies et à la School of Business de l'Université Trent, M. Newhouse a apporté une contribution importante à l'éducation autochtone et aux questions liées à l’ascendance autochtone. Il est membre du corps enseignant, chercheur et dirigeant depuis plus de trente ans. Onondaga de la communauté des Six Nations de la rivière Grand, David Newhouse est connu à l’échelle du pays pour ses réalisations en classe et dans le milieu académique.
Prix Sarah Shorten
Nathalie Kermoal et Amanda Evans ont reçu le prix Sarah Shorten pour leur travail et leurs réalisations au Rupertsland Centre for Métis Research (RCMR). Nathalie Kermoal, universitaire bretonne (peuple issu de la côte ouest de la France) et professeure titulaire, est directrice du RCMR. Elle se spécialise dans les études métisses à l'Université de l'Alberta. Amanda Evans est une universitaire métisse et membre de la Nation métisse de l'Alberta. Elle prépare actuellement un doctorat en études autochtones et est coordinatrice au RCMR. Ses recherches portent sur le travail des Métis et les liens avec la terre.
Prix des bibliothécaires et des archivistes pour services émérites
Kathleen Scheaffer, de l'University of Toronto Faculty Association, et Rumi Graham, de l'University of Lethbridge Faculty Association (ULFA), ont reçu le Prix des bibliothécaires et des archivistes pour services émérites. Tout au long de sa carrière, Mme Scheaffer a amélioré les conditions d'emploi des bibliothécaires et a contribué à la solidarité et à l'alliance entre les travailleuses et travailleurs. Rumi Graham est un membre actif de longue date de divers comités et groupes de travail au sein de l'ULFA. Elle a aidé des bibliothécaires à poursuivre des activités de recherche et d'érudition. Elle a défendu la bibliothéconomie académique ainsi que l'équité et l'inclusivité en milieu de travail.