L’appel lancé par David Robinson en faveur d’un « nouveau pacte pour l’éducation postsecondaire et la recherche » (Bulletin de mars-avril 2025) est tout à fait nécessaire et mérite une attention particulière. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter le financement de la recherche aux niveaux fédéral et provincial, ni simplement de positionner le Canada comme un endroit plus sûr pour les chercheuses et chercheurs américains qui souhaitent poursuivre leurs travaux après les attaques du président Trump contre la liberté académique.
À la veille des élections fédérales, le chef conservateur de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, a tiré la sonnette d’alarme au sujet de ce qu’il a qualifié de scénario « post-apocalyptique » décrit dans un rapport fédéral récemment publié, intitulé Vies futures : mobilité sociale en question. M. Poilievre n’a pas tardé à blâmer les libéraux fédéraux pour la conclusion du rapport selon laquelle, d’ici 2040, l’état actuel des inégalités et la baisse des revenus réels atteindraient des niveaux catastrophiques.
Ce qu’il a commodément omis de mentionner, c’est l’avertissement contenu dans le rapport selon lequel poursuivre des études postsecondaires ne serait « plus considéré comme un moyen fiable d’accéder à la mobilité sociale », car les droits de scolarité et de logement « excluent tous ceux qui ne sont pas riches ». La manière dont les universités structurent leurs programmes a amplifié les menaces existentielles qui pèsent sur les collèges et les universités. En même temps, l’intelligence artificielle aura réduit « la valeur du travail humain », remplaçant aussi bien les travailleuses et travailleurs qualifiés que non qualifiés.
M. Poilievre a toutefois choisi de poursuivre son offensive contre ce qu’il considère comme des professeures et professeurs « woke » plutôt que d’expliquer l’importance de l’éducation postsecondaire pour protéger les Canadiennes et Canadiens d’un avenir dystopique proche. Un New Deal pour l’éducation ne se limiterait pas à augmenter les fonds alloués à la recherche fondamentale, mais comprendrait également un engagement fondamental à garantir que nos établissements d’éducation postsecondaire de classe mondiale soient financièrement accessibles à l’ensemble des étudiantes et étudiants canadiens et internationaux possédant les compétences requises pour y être admis. L’ACPPU et ses membres doivent participer à la construction de cet avenir.
Andrew Stevens, professeur agrégé, Université de Regina